Couillard dit non aux fouilles à nu dans les écoles

Photo: Annik MH De Carufel Le Devoir

Respectueuses ou non, il n’y aura plus de fouilles à nu d’élèves dans les écoles du Québec, a tranché Philippe Couillard.

« Il faut montrer un minimum de jugement », a affirmé jeudi le premier ministre lors de la période de questions à l’Assemblée nationale. « Sur la question de la fouille à nu dans les écoles, la réponse c’est non, on n’en veut pas. »

Trois jours après que l’affaire eut éclaté, le gouvernement libéral a délaissé son approche légaliste pour répondre à l’indignation populaire qu’a soulevée la fouille à nu d’une étudiante de 15 ans, soupçonnée de trafic de marijuana, à l’école secondaire Neufchâtel, de Québec, par des membres de la direction de l’établissement.

Seules les forces policières pourraient être amenées à effectuer des fouilles à nu d’élèves « dans des cas extrêmes » avec la protection des chartes des droits, a précisé le premier ministre, ce qui implique l’obtention d’un mandat.

Mardi, le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Yves Bolduc, avait déclaré que les fouilles à nu étaient permises mais « à une seule condition : il fait que ce soit respectueux ». Le ministre s’appuyait sur le jugement de la Cour suprême — R. contre M. — sur une fouille sommaire d’élèves, c’est-à-dire sans que ceux-ci aient eu à se dévêtir.

Le gouvernement a fait appel mercredi à « une personne indépendante » pour qu’elle vérifie les faits rapportés par Le Journal de Québec. Deux jours plus tard, le cabinet du ministre Bolduc n’avait toujours pas révélé le nom de cette personne ni ses qualifications.

« On a besoin de connaître les faits exacts », a fait valoir Philippe Couillard.

Avant que le premier ministre n’annonce cette volte-face, le chef de l’opposition officielle, Stéphane Bédard, avait exigé qu’il confirme aux parents québécois qu’il n’y aurait plus de fouilles à nu dans les écoles. « Il n’a pas besoin d’avis juridique là-dessus. Je peux lui en donner un, s’il veut. Il n’y a pas de droit inaliénable à une fouille à nu, ça n’existe pas, surtout pas pour un directeur d’école. Et comme parent […] je n’accepterai jamais que ma fille soit fouillée à nu, peu importent les conditions, dans l’école qu’elle fréquente », a-t-il dit.

Attention médiatique

 

L’histoire de ce ministre québécois qui cautionne les fouilles à nu d’adolescentes dans les écoles a fait le tour du monde. « Après la surprise, la honte. Les propos du ministre de l’Éducation ont pris une nouvelle dimension, une proportion internationale. Maintenant, ce ne sont plus seulement les Québécois qui constatent que le ministre de l’Éducation fait fausse route ; on entend maintenant les Français, les Anglais, les Américains et même les Turcs », a lancé Stéphane Bédard.

Pour le Parti québécois, le premier ministre a désavoué son ministre. Yves Bolduc, qui a perdu toute crédibilité, ne devrait plus être ministre de l’Éducation, conclut l’opposition officielle.

La famille de la jeune fille intente une poursuite

La famille de la jeune fille au coeur de la controverse a décidé d’intenter une poursuite contre l’école et la Commission scolaire de la Capitale. L’avocat de la famille, Me François-David Bernier, estime que la commission scolaire a outrepassé ses droits en donnant une interprétation « abusive » à la fois de la position de la Cour suprême sur le sujet et de la directive gouvernementale à appliquer dans les écoles dans ce type de situations. « On croit que c’est anormal ce qui est arrivé dans cette école », a-t-il fait valoir en entrevue téléphonique.


À voir en vidéo