Coiteux annonce «l’État du XXIe siècle»
Le gouvernement Couillard a voulu renforcer le message voulant que l’État, tout comme les citoyens, n’échappera pas à l’exercice de redressement des finances publiques en imposant une réduction de 2 % des effectifs de l’ensemble de la fonction publique pour l’année 2015-2016.
C’est le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, qui en a fait l’annonce mardi, décrétant une réduction de 1150 des 57 500 postes des ministères et des organismes publics. Il a également indiqué qu’il maintenait la suspension des primes, bonis, allocations bonis, primes du personnel de direction de la fonction publique, que le précédent gouvernement avait prévue pour l’année en cours et qu’il appliquera l’an prochain. Il lésinera sur les dépenses de fonction (repas, voyages, etc.) ainsi que sur la formation, limitée au minimum requis de 1 % de la masse salariale. Pour faire bonne mesure, on rognera aussi les budgets discrétionnaires des ministres, budgets qui s’élèvent à 14 millions par an. L’économie totale s’élèvera à 689 millions.
« L’État doit se serrer la ceinture. Comme vous le voyez, tout le monde fera un effort », a déclaré Martin Coiteux, affirmant sa volonté de réduire la taille de l’État pour le transformer en « un État du XXIe siècle ».
Dans un point de presse à la suite de l’annonce, le premier ministre Philippe Couillard a souligné que « la vaste majorité » des actions entreprises pour rétablir l’équilibre budgétaire l’ont été par les administrations publiques. « Il y a des gestes, bien sûr, qui affectent les citoyens. C’est des décisions qui sont difficiles à prendre, mais il est clairement nécessaire que la population voie que les efforts sont répartis », a-t-il fait valoir.
Ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement libéral, celui de Jean Charest, s’engage à réduire la taille de l’État. Philippe Couillard a reconnu d’emblée que la règle de ne remplacer qu’un fonctionnaire qui prend sa retraite sur deux ne s’était pas traduite par une réduction des effectifs de l’État. L’objectif de retrancher 2 % des fonctionnaires remplace cette mesure, qualifiée de « paramétrique » par Martin Coiteux : elle est légèrement plus ambitieuse que le non-remplacement des 1000 départs par an que prévoyait la mesure implantée par la présidente du Conseil du trésor d’alors, Monique Jérôme-Forget.
« Tout ça est riche d’enseignement », a signalé le premier ministre. « On y est allé de façon générale alors que là, on va y aller de façon sélective. » De même, les méthodes pour « contourner volontairement ou involontairement les règles » seront proscrites.
Dans cette optique, Martin Coiteux entend exercer un contrôle strict sur le recours à la sous-traitance et aux employés occasionnels dans la fonction publique. « Le gouvernement souhaite aussi réduire de façon significative la dépendance contractuelle », a-t-il signalé.
Expertise externe paradoxale
Le rapetissement de l’État que prépare Martin Coiteux s’appuiera sur « un processus de planification des effectifs pour les ministères et les organismes ». Paradoxalement, le président du Conseil du trésor pourrait céder lui-même à la « dépendance contractuelle » qu’il déplore puisqu’il entend solliciter au besoin une expertise externe pour faire cet exercice. Le gouvernement s’attaquera également aux structures de l’État avec « une série de décisions » qui seront contenues dans le prochain budget, a-t-il mentionné.
La somme de 689 millions ainsi dégagée servira, en bonne partie, à éponger la hausse de salaire de 1 % à laquelle ont droit au 31 mars 2015 les employés de l’État, une somme de 390 millions. Fait à noter : ces économies s’ajoutent aux compressions de 490 millions imposées en avril dernier et visant, notamment, des « gains d’efficacité », c’est-à-dire une réduction des effectifs, de 2 % ainsi qu’une coupe de 3 % dans les dépenses de fonctionnement.
Les deux principaux syndicats qui représentent les fonctionnaires, le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et le Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), ont très mal réagi à l’annonce. Les services à la population ont déjà été affectés par le gouvernement Charest, a déploré Denise Boileau, vice-présidente du SFPQ, qui a perdu près de 4500 membres depuis dix ans. Pour le président du SPGQ, Richard Perron, l’annonce n’augure rien de bon pour le recrutement des jeunes dans la fonction publique.