La ministre jure que rien ne sera coupé

Neige fondante pour temps froid et humide : la météo était toute grise, lundi. Et cela reflétait bien l’état d’esprit des centaines de manifestants du milieu communautaire qui avaient fermé boutique pour dénoncer le climat d’austérité budgétaire. Interpellée, la ministre Lucie Charlebois assure pourtant que Québec n’a « nullement l’intention » de réduire son soutien au secteur.
« Je ne comprends pas pourquoi on s’agite autant », a indiqué au Devoir la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique. « Il n’y a pas de coupes budgétaires dans le financement des organismes communautaires. Ils ont été indexés à hauteur de 0,9 %. Ce n’est pas beaucoup, mais ce n’est pas une coupe. »
Mme Charlebois dit qu’elle ne sait pas « qui a mis dans la tête des organismes qu’il y aurait des coupes ? Alors je vais répéter ce que j’ai dit en commission parlementaire : il n’est nullement question de couper le financement des organismes communautaires, pour aucune considération. […] Ce sont des partenaires essentiels de notre réseau, je sais très bien l’importance de leur travail auprès des personnes qui sont dans le besoin. »
Co-porte-parole de la campagne Je soutiens le communautaire, Mercédez Roberge répond que « l’absence d’augmentation équivaut à empêcher les organismes de faire leur travail ». D’autant, dit-elle, que la demande augmente sans cesse… et que si des coupes touchent le milieu de la santé, les organismes communautaires en auront probablement davantage sur les bras. D’où les craintes liées au contexte d’austérité.
Sur le terrain, les quelque 3000 organismes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS) ne se sentent pas si bien supportés par Québec. Lundi, des centaines d’entre eux ont cessé leurs activités pendant 225 minutes pour souligner qu’ils demandent depuis deux ans une augmentation de leur financement de 225 millions.
La ministre Charlebois juge que cette demande « ne tient absolument pas la route ». Le gouvernement du Parti québécois avait bien promis en 2013 d’ajouter 120 millions au financement des OCASSS, mais « l’argent n’avait pas été budgété », affirme la ministre. Son gouvernement a plutôt choisi d’indexer le montant versé. « On n’a pas les moyens d’en faire plus actuellement, soutient-elle. Mais on a protégé le financement. Alors je ne comprends pas, honnêtement, pourquoi il y a des fermetures lundi. »
Craintes
Au coeur de la manifestation de Montréal, il y avait des organismes d’aide pour les femmes, d’hébergement jeunesse, de ressources en santé mentale, de soupe populaire : tout le filet social communautaire était représenté. D’autres manifestations ont été tenues dans plusieurs villes, regroupant une variété de groupes inquiets du discours d’austérité qui émane de Québec.
Si plusieurs pancartes dénonçaient à Montréal des « coupes » dans les services sociaux, les responsables de certains organismes interrogés reconnaissaient qu’il s’agissait pour le moment de craintes. « Mais il y a un sous-financement chronique des organismes qui sont au bout du rouleau », a fait valoir Sébastien Rivard, co-porte-parole de la campagne Je soutiens le communautaire.
Les OCASSS disent qu’ils reçoivent annuellement 391 millions en financement de Québec. Selon la ministre Charlebois, le montant est plutôt de 521 millions — mais celui-ci inclut d’autres organismes communautaires que ceux oeuvrant dans le domaine de la santé.