Premier pas pour un grand chantier
Le rassemblement pour l’indépendance « DestiNation » se voulait un « nouveau départ » pour l’option souverainiste, mais les organisateurs de l’événement admettaient eux-mêmes, dimanche, qu’énormément de travail reste à faire pour rallier les jeunes Québécois et les Québécois issus des communautés culturelles à la cause.
Au théâtre de l’Olympia où étaient réunies près de 800 personnes afin de repenser le projet d’indépendance, samedi et dimanche, les têtes grises étaient bien plus nombreuses que les jeunes indépendantistes et les communautés culturelles se faisaient bien discrètes.
Selon Martine Desjardins, ex-leader étudiante et porte-parole de DestiNation, les 40 ans et moins représentaient un tiers des participants. « C’est déjà beaucoup ! Je crois que les jeunes souverainistes sont nombreux, ils ne viennent juste pas forcément à ce type d’événement. C’est petit pas par petit pas qu’on va les motiver à s’impliquer », a-t-elle estimé, soulignant leur participation active aux différents panels.
Un constat partagé par Jason Brochu-Valcourt, vice-président du Conseil de la souveraineté du Québec (CSQ) et trésorier du Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ), les deux organisations à l’origine de DestiNation. « Il y avait des gens de tous les horizons, et oui, ça incluait des jeunes. Les jeunes travaillent le week-end, et ça se déroulait tôt. On a fait de gros efforts, on continue de les faire », a-t-il assuré.
Campagne permanente
La série de propositions adoptée dimanche afin de revigorer le mouvement servira de point de départ à la rédaction d’un plan d’action pour l’indépendance, qui comprendrait la rédaction d’une constitution québécoise et la mise sur pied d’une campagne permanente de promotion de l’indépendance. L’assemblée a aussi résolu d’« élargir le soutien à l’indépendance aux Québécois de toutes les origines », un constat qui s’imposait après des élections marquées par le débat sur la Charte de la laïcité. « C’est très clair qu’il y a un travail à faire de ce côté-là, a indiqué M. Brochu-Valcourt. On va travailler avec acharnement. Il faudra aller au-delà des questions identitaires, parler par exemple d’environnement ou d’économie » pour porter le projet d’un Québec indépendant.
Dimanche, la journée s’est amorcée par la diffusion attendue d’une déclaration de Jacques Parizeau. La souveraineté se fera par la voie de l’action politique et c’est le Parti québécois qui est le mieux placé pour y parvenir, a-t-il insisté au cours de ce discours d’une demi-heure, préenregistré.
Parizeau prône l’unité
Le regard perçant, le verbe résolu, l’ex-chef péquiste a incité les souverainistes à se scruter attentivement dans le miroir. « La relance du mouvement passe par une redéfinition claire de ce que l’on veut », a affirmé M. Parizeau, âgé de 84 ans. Il appelle les indépendantistes à se rallier au PQ plutôt qu’à Québec solidaire ou Option nationale. « Tout ça ne [fait] que renforcir l’éparpillement des votes. […] Il nous faut un parti du monde ordinaire. Notre chance n’est pas dans la division, elle est dans l’harmonie », a-t-il dit, invitant le PQ à « redevenir le parti de ses membres », un énoncé accueilli par une pluie d’applaudissements. « On ne peut considérer les membres comme de la main-d’oeuvre pour coller des enveloppes ou lancer des messages sur les médias sociaux », a-t-il tonné.
En réaction à cet appel à l’unité, la co-porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, croit que l’idée d’une éventuelle « bannière » pourrait éviter, par exemple, de diviser le vote souverainiste dans une élection future. « On ne peut cacher que, pour l’instant, la méfiance entre les partis est grande, il y a une confiance mutuelle à établir », explique-t-elle.
Le chef par intérim du PQ, Stéphane Bédard, a reconnu que les différents partis « devront mettre de l’eau dans leur vin » s’ils veulent former une quelconque alliance.
Organisé par le NMQ et le CSQ, l’événement a également été l’occasion de dévoiler le nouveau nom du Conseil, qui changera pour celui d’Organisations unies pour l’indépendance (OUI) du Québec. Le OUI deviendrait le principal organisme de coordination de « l’action du mouvement indépendantiste de la société civile », et c’est lui qui sera chargé de mettre en oeuvre le plan d’action imaginé au cours des derniers jours. Le nouveau nom et les résolutions doivent être adoptés le 29 novembre prochain lors de l’assemblée générale annuelle du CSQ.