Bras de fer sur l’avenir du ministère de St-Pierre

Par souci d’économie, de hauts fonctionnaires suggèrent de rétrograder le ministère des Relations internationales (MRI) au rang de secrétariat. La proposition a déjà été testée auprès du secrétaire général du gouvernement, Roberto Iglesias. Il appuie l’idée, ont indiqué des sources gouvernementales consultées par Le Devoir.

 

En pleine opération compressions budgétaires, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, s’est aussi montré favorable à un démantèlement du MRI, ont-elles ajouté.

 

La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, s’inscrit en faux contre toute idée de revoir le statut du MRI, y compris celle de le fusionner avec le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes. « Ce n’est pas dans mes projets. Ce ne sera jamais dans mes projets », a-t-elle déclaré à la sortie du Conseil des ministres mercredi après-midi.

 

Le dossier est également clos dans l’esprit du premier ministre, Philippe Couillard, a-t-elle argué. « Il y a peut-être des gens qui aimeraient cela, mais pas moi, pas mon premier ministre », a-t-elle soutenu dans un bref entretien avec Le Devoir à l’extérieur de l’Assemblée nationale.

 

Pendant ce temps, les cadres du MRI s’affairaient au siège du ministère à se projeter dans l’avenir… avec un optimisme modéré.

 

La ministre s’engage à monter au front pour défendre le MRI tel qu’il est connu depuis 30 ans. À ses yeux, le maintien d’un « ministère » est justifié même dans un contexte de resserrement des dépenses publiques. « Le ministère des Relations internationales a sa place pour faire la promotion de la culture et de l’identité du Québec sur la scène internationale », a-t-elle affirmé, soulignant au passage la convergence de vues entre M. Couillard et elle sur cette question.

 

Le gouvernement du Québec transmettrait un « très mauvais message » à la fois à « ses partenaires internationaux » et à la population québécoise en reclassant le MRI en secrétariat. « Le mot “ ministère ” signifie quelque chose. Devant mes homologues, je représente le ministère des Relations internationales et le gouvernement du Québec », explique-t-elle.

 

En 1984, le gouvernement péquiste avait décidé de mettre de côté le ministère des Affaires intergouvernementales au profit de la création d’un Secrétariat aux Affaires intergouvernementales canadiennes et d’un ministère des Relations internationales, dont le titulaire s’est vu octroyer l’autorisation de signer une entente internationale en son nom ou au nom du gouvernement et de mettre à la disposition des personnes déployées à l’étranger les bureaux et les services nécessaires à l’exercice de leur fonction.

 

Mme St-Pierre a été tenue à l’écart des rencontres de travail où la proposition de démanteler le MRI a été discutée. « Il y a des gens qui m’en ont parlé. J’ai entendu la rumeur. Mais, il n’y a personne qui est venu me regarder dans mon bureau : “ Heille, on va faire ça. Ça va être une bien bonne idée !  » a-t-elle fait remarquer.

 

«Les décisions viendront»

 

De son côté, Martin Coiteux s’est abstenu mercredi de tout commentaire sur les « spéculations » entourant l’avenir du MRI. Il a même refusé de dire si le ministère dirigé par Christine St-Pierre se retrouvera dans la mire de la Commission de révision permanente des programmes.

 

« On est au stade où on prend connaissance de l’ensemble des commentaires, des suggestions qui peuvent nous être faits. Les décisions viendront plus tard », a-t-il affirmé en matinée afin de préciser le « dialogue social » auquel la population québécoise est conviée durant le redressement des finances publiques de l’État.

 

« On a des objectifs budgétaires qui sont ambitieux et fermes. On va s’y tenir. On a déjà pris des décisions importantes dans le budget 2014-2015. Il y a des décisions encore plus importantes qui s’en viennent », a-t-il répété.

 

Dans les rangs du MRI, plusieurs fonctionnaires s’inquiètent du poids politique de Mme St-Pierre au moment où la question de rétrograder son ministère en secrétariat surgira au Conseil des ministres. L’étoile de la ministre a pâli après qu’elle s’en fut prise à l’intégrité de son prédécesseur, Jean-François Lisée, dit-on.

 

Par ailleurs, le secrétaire général du gouvernement, Roberto Iglesias, n’a pas affiché ses couleurs hormis peut-être lors de « discussions informelles ». « Je ne peux pas vous dire s’il est favorable à cela parce que le scénario n’a pas été proposé [en bonne et due forme] », a indiqué le secrétaire général associé à la communication gouvernementale, Christian Lessard.

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