Des idées pour dépoussiérer le Code de la sécurité routière

Protéger les plus vulnérables de la route, ne pas obliger les cyclistes à s’immobiliser devant un panneau d’arrêt et cesser d’inscrire des points d’inaptitude au permis de conduire des cyclistes en cas d’infraction. Voilà quelques-unes des propositions qu’ont soumises des groupes de promotion des transports actifs, jeudi, dans le cadre de consultations sur la réforme du Code de la sécurité routière.
Québec veut moderniser le Code de la sécurité routière et, lors d’une rencontre de discussion tenue à Québec cette semaine, les représentants de six organisations, dont Vélo Québec, Coalition vélo de Montréal et Accès transports viables, ont déposé des mémoires.
À cette occasion, ils ont plaidé en faveur de l’instauration du « principe de prudence », qui stipule que sur la route, l’automobiliste a le devoir de protéger les usagers plus vulnérables. De même, le cycliste doit faire preuve de prudence en présence d’un piéton. « On a tous fait référence à ça, explique Suzanne Lareau, p.-d.g. de Vélo Québec. Revoir le code de la sécurité routière ne se limite pas à modifier quelques articles, c’est une philosophie qui doit changer. »
Stop américain
Plusieurs groupes croient que les cyclistes ne devraient plus avoir l’obligation de s’immobiliser devant un panneau d’arrêt. Le Code de la sécurité routière devrait leur permettre de ralentir à l’intersection et de poursuivre leur route si ce chemin est dégagé, un principe importé de l’état d’Idaho et baptisé l’« Idaho stop ». « Mais il faut faire un ralentissement marqué, et si quelqu’un est déjà engagé, que ce soit un piéton, un cycliste ou un automobiliste, il faut le laisser passer », insiste Suzanne Lareau.
Un cycliste qui traverse sur un feu rouge peut recevoir une contravention, et s’il possède un permis de conduire, trois points d’inaptitude seront portés à son dossier. Mme Lareau considère qu’il s’agit là d’une iniquité que le nouveau Code devra corriger.
« Ça fait 15 ans qu’on discute de ça avec la SAAQ, et la SAAQ ne veut rien savoir, relate Mme Lareau. On trouve ça illogique. Si ce n’est pas nécessaire d’avoir un permis de conduire pour avoir un vélo, pourquoi le cycliste serait-il pénalisé pour quelque chose qu’il n’est pas nécessaire d’avoir ? Ça crée deux classes de cyclistes : un cycliste qui a un permis de conduire a une sanction plus grande qu’un cycliste qui n’a pas de permis de conduire. »
Parmi les autres mesures, les groupes proposent de permettre aux cyclistes de rouler sur le trottoir quand ils jugent que circuler sur la chaussée n’est pas sécuritaire. Le Code devrait aussi autoriser les enfants à circuler sur les trottoirs en tout temps, ce qui n’est pas permis à l’heure actuelle.
Quant aux amendes liées à l’emportiérage — qui se produit lorsqu’un automobiliste ouvre subitement sa portière sans que le cycliste ait pu l’éviter —, elles devraient être plus élevées et être assorties d’une sanction de points d’inaptitude.
Accès transports viables a formulé plusieurs propositions pour faire une plus grande place aux piétons. Le groupe va même jusqu’à suggérer que dans le cas où il n’y a pas d’intersection ou de passage pour piétons, les véhicules routiers devraient céder le passage aux piétons qui sont prêts à s’engager sur la route.
Étienne Grandmont, directeur général d’Accès transports viables, reconnaît que sur les routes achalandées, cette manoeuvre peut être périlleuse. « Un piéton devrait user de son bon sens », dit-il.
Les automobilistes et les cyclistes accepteraient de faire preuve d’une telle courtoisie ? « C’est sûr que dans le contexte québécois, c’est difficile de concevoir une telle attitude. Mais si un automobiliste se trouve dans une situation où il peut prévoir qu’un piéton veut traverser et qu’il a le temps de freiner, normalement, il devrait arrêter », avance M. Grandmont.
La prochaine rencontre sur la réforme du Code de la sécurité routière est prévue en septembre.