HLM: près de 40 000 personnes sur les listes d’attente au Québec

Le projet Victoria-Barclay, dans l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, comprendra 67 logements abordables destinés à des familles.
Photo: Annik MH De Carufel Le Devoir Le projet Victoria-Barclay, dans l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, comprendra 67 logements abordables destinés à des familles.

Malgré les gros investissements des dernières années en logement social, la liste d’attente pour des places en habitations à loyer modique (HLM) ne diminue pas au Québec. Et à la cadence actuelle, tout laisse croire qu’elle ne disparaîtra pas de sitôt.

 

Actuellement, 38 304 ménages sont en attente d’un logement à loyer modique au Québec selon le dernier relevé de la Société d’habitation du Québec (SHQ). Du lot, 60 % sont à Montréal.

 

La liste n’a pratiquement pas bougé depuis dix ans et ceux qui s’y trouvent ont été jugés admissibles et sont donc réellement dans le besoin. En obtenant une place, la part de leur revenu dédiée au logement pourra être limitée à 25 %.

 

Combien de temps peuvent-ils attendre ? Ça dépend des régions et des catégories de personnes, explique Marc Tessier, conseiller au secrétariat de la SHQ. Dépendamment de l’évaluation de la personne et des critères, une personne peut obtenir un logement six mois après son inscription, explique-t-il. Or à l’autre extrême, « une personne peut se réinscrire à chaque année pendant dix ans sans avoir de place. »

 

Après la crise du logement du début des années 2000, la liste d’attente avait plafonné à 40 000, explique-t-on. Depuis, elle oscille bon an mal an entre 37 000 et 38 000 noms.

 

Pourquoi ne baisse-t-elle pas ? « Il y a une augmentation de la population et de plus en plus de personnes seules ce qui peut augmenter le nombre de ménages admissibles », explique la porte-parole de la SHQ Myriam Régnier, qui mentionne aussi l’immigration et le vieillissement de la population.

 

Actuellement, 53 % des résidants des HLM sont des personnes âgées et dans plusieurs résidences, ils comptent pour 100 % des occupants.

 

À ces facteurs, s’ajoute la rareté des logements abordables. « Ça crée une pression supplémentaire », explique Mme Régnier. « Il y a des gens qui se tournent vers les HLM qui n’auraient peut-être pas fait cette démarche-là avant mais qui là, trouvent plus difficile de se loger sur le marché locatif privé. »

 

Le parc de HLM vieux de 20 ans

 

Il existe près de 65 000 logements HLM au Québec et on n’en a pas construit de neuf depuis 1994, quand le gouvernement fédéral a cessé de s’en occuper. Dans certaines villes comme Montréal ou Granby, le nombre de ménages en attente dépasse même le nombre de HLM existants.

 

Dès lors, pour avoir une place, les gens doivent attendre qu’un des locataires déménage ou décède. Ceux qui atteignent le haut de la liste peuvent aussi se faire offrir un supplément au loyer (PSL) pour aller vivre dans un autre type de logement social.

 

La formule des HLM a souvent été critiquée dans le passé parce qu’on l’associe à la création de ghettos. Depuis la fin des années 1990, le gouvernement du Québec a plutôt choisi d’investir dans des logements sociaux plus « communautaires » où se mélangent les catégories sociales.

 

C’est le cas des coopératives d’habitation et de différents projets d’OBNL qui aident à la fois les plus démunis de la société mais aussi des gens à revenus modestes dont les besoins sont moins critiques.

 

Cette année, le gouvernement du Québec prévoit construire 2493 logements sociaux dont une partie sera dédiée à des personnes itinérantes ou en voie de l’être. Environ 1300 des places devraient permettre de réduire la pression sur la liste d’attente des HLM via des suppléments au loyer.

 

Au cours des trois dernières années, le gouvernement a créé 6156 logements sociaux ce qui a nécessité des investissements de 420 millions.

 

À cela s’ajoutent les fonds nécessaires pour entretenir le parc des HLM qui vieillit. Depuis 2007, la facture n’a cessé d’augmenter passant de 105,3 millions à 336,4 millions l’an dernier.

Il y a des gens qui se tournent vers les HLM qui n’auraient peut-être pas fait cette démarche-là avant

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