Lucienne Robillard en quête de 3,2 G$

Retrancher 3,2 milliards de dollars du budget de l’État en abolissant des programmes gouvernementaux ou en réduisant leur portée est un exercice qui n’a rien de politique, juge le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux.
« Il n’y a pas de politique là-dedans. C’est essentiellement un exercice de responsabilité et il est nécessaire. Il devient urgent et on va le faire », a déclaré Martin Coiteux, en conférence de presse, alors qu’il dévoilait la composition de la nouvelle Commission de révision permanente des programmes (CRPP) qui sera présidée par Lucienne Robillard.
Âgée de 69 ans, Lucienne Robillard est pourtant une femme politique aguerrie qui a assumé divers portefeuilles dans le dernier gouvernement de Robert Bourassa, dont celui de l’Éducation, et qui, passée au gouvernement fédéral en 1995, a occupé, entre autres fonctions, celle de présidente du Conseil du Trésor.
Un premier rapport en octobre
Lucienne Robillard sera épaulée par quatre personnes, dont deux économistes : Claude Montmarquette, à qui le premier ministre a fait appel en avril pour livrer, avec le fiscaliste Luc Godbout, un rapport sur les finances publiques du Québec et Robert Gagné, de HEC Montréal, dont les dernières études ont alimenté la série « Le Québec dans le rouge » des journaux de Québecor. Deux ex-administratrices d’État, Michèle Bourget et Mireille Fillion, complètent le tableau.
La CRPP doit présenter au président du Conseil du trésor ses premières recommandations dès le mois d’octobre. Lucienne Robillard a indiqué que la commission se penchera dans un premier temps sur « les programmes à fort potentiel d’économies afin de réaliser rapidement des gains significatifs ». Notons que l’objectif de réduire de 3,2 milliards les dépenses de programmes de l’État doit être atteint pour l’exercice 2015-2016, l’année du retour à l’équilibre budgétaire.
Martin Coiteux n’a pas voulu donner d’exemples de ces « programmes à fort potentiel d’économies » et il ne sait pas combien de programmes compte l’État québécois. Ce sera à la CRPP d’en faire « l’inventaire complet », a-t-il indiqué.
Les structures de l’État aussi
La CRPP ne se contentera pas d’examiner les programmes ; elle s’attaquera également aux structures de l’État, notamment en matière de développement régional. « Dans un premier temps, la commission identifiera une série de programmes, d’organismes et de structures qui seront soumis à un examen immédiat de façon à procéder à une réorganisation du travail et à des innovations structurelles », a signalé la présidente de l’organisme.
Pour Martin Coiteux, il n’existe pas de vache sacrée. « Ça ne veut pas dire que parce que je dis qu’il n’y a pas de vaches sacrées qu’on va passer la hache, a-t-il précisé. C’est un exercice de repositionnement responsable pour être capable d’avoir les ressources pour qu’on puisse financer adéquatement les programmes prioritaires. »
Les activités du CRPP seront accompagnées d’un « dialogue social » qui comprendra quatre volets : un site, appelé « Boîte à idées », qui recueillera les suggestions du grand public, la participation des gestionnaires et des employés de la fonction publique, le recours aux « partenaires » de l’État, c’est-à-dire les associations patronales et les centrales syndicales, et enfin, une opération de communication avec la population que mènera le président du Conseil du trésor.
Des syndicats inquiets
À Montréal, mercredi, des représentants de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) ainsi que de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) se sont montrés inquiets des orientations du gouvernement Couillard. Les centrales syndicales craignent que la CRPP se penche uniquement sur les dépenses de l’État sans tenir compte des revenus.
La présidente de la CSQ, Louise Chabot, a rappelé que l’atteinte du déficit zéro dès l’an prochain risque de compromettre la qualité de la quasi-totalité des programmes sociaux québécois.
À ses côtés, le président de la FTQ, Daniel Boyer, a plaidé pour une réflexion afin d’identifier les programmes nécessaires pour ensuite déterminer leur financement plutôt que d’identifier dès le départ un montant d’argent à récupérer.
Pour le trésorier de la CSN, Pierre Patry, le ministre des Finances, en préconisant les baisses d’impôt pour les entreprises, « amplifie son problème » en se privant de revenus pour financer les services publics.
Avec La Presse canadienne