Les impôts et les tarifs seront intouchables

Le premier budget Leitao n’alourdira pas le fardeau fiscal des Québécois. Malgré une situation budgétaire « sérieuse » et « difficile », le gouvernement libéral s’abstiendra de tirer vers le haut les tarifs. Il se gardera aussi de relever les taux d’imposition et de taxation.
« Nous n’avons pas l’intention d’augmenter les taxes, les impôts ou les tarifs », a affirmé le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, à sa sortie de l’Assemblée nationale mercredi après-midi. Il écarte l’idée de « recourir à davantage de tarification » afin de renflouer les coffres de l’État comme le recommande le rapport d’experts commandé à Luc Godbout et à Claude Montmarquette.
L’équipe économique libérale s’affairera tout d’abord à freiner la croissance des dépenses de la « machine gouvernementale », a précisé M. Coiteux en début de journée, tout en brandissant son portefeuille. Le Conseil du trésor a enjoint aux ministres de réduire les dépenses de 2,4 milliards pour l’exercice en cours, a rapporté La Presse mercredi. L’information n’a toutefois ni été confirmée ni infirmée.
Le gouvernement « poser[a] des gestes » à défaut de quoi il bouclera l’année 2014-2015 avec un déficit de 5,5 milliards de dollars, a indiqué le ministre des Finances, Carlos Leitao. Son premier budget, attendu début juin, ne sonnera pas le glas de programmes. « Pas nécessairement », a-t-il dit. « En six semaines, on n’a pas le temps de faire ces choses-là [choisir les programmes à abolir]. Donc, c’est vraiment dans l’appareil administratif qu’on va aller chercher à contenir la croissance des dépenses », a-t-il ajouté, se défendant de vouloir imposer une cure d’austérité à la grecque à l’État. « Nous ne coupons pas, nous ne coupons pas, nous ralentissons le rythme de croissance des dépenses », a-t-il répété.
Le gouvernement libéral mettra en branle « dans les prochains mois » le processus de révision permanente des programmes, où se fera un exercice « pas mal plus créatif » et « pas mal plus stimulant » qui permettra au Québec de sortir d’une spirale de déficits structurels, a indiqué M. Coiteux. « Tous les partis, y compris le citoyen payeur de taxes [seront conviés] », a-t-il précisé.
Retour du déséquilibre fiscal
Carlos Leitao a appelé son homologue fédéral, Joe Oliver, à tenir compte de la réalité budgétaire des provinces lorsqu’il fera l’ébauche de son budget — qui marquera sans doute le retour aux années de surplus à Ottawa. « Il n’y a pas de déséquilibre fiscal comme on l’a connu dans les années 90. Cependant, il faut aussi reconnaître qu’Ottawa a une marge de manoeuvre beaucoup plus importante que toutes les provinces », a-t-il déclaré, alors qu’un retour à l’équilibre budgétaire semble de moins en mois probable en 2015-2016 au Québec. « Donc, on s’attend à ce que dans le prochain budget fédéral, il fasse quelque chose à ce sujet-là. »
Le ministre québécois a rappelé le plafonnement des transferts fédéraux en santé à compter de 2017.
« Il va y avoir un effort important pour contenir le rythme de croissance des transferts fédéraux aux provinces. Donc, on dit : “ Ils ont les moyens. Donc, regardons toutes ces choses-là ” », a affirmé M. Leitao.
La réponse ne s’est pas fait attendre. « Pour nous, il n’y en a pas, de déséquilibre fiscal. […] C’est au gouvernement du Québec à trouver les économies », a déclaré le ministre conservateur Denis Lebel.
Barrette peut foncer
De son côté, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a eu le feu vert de ses collègues — le premier ministre, Philippe Couillard, y compris — afin de négocier un étalement de la hausse de la rémunération des médecins. « La situation [des finances publiques] commande des aménagements […] pour que le système de santé fonctionne correctement », a-t-il souligné. Il entend tenir la semaine prochaine une discussion « franche » et « ouverte » avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). « L’ampleur de la problématique budgétaire du Québec fait en sorte qu’il ne peut pas ne pas y avoir d’implication des fédérations médicales », a fait valoir M. Barrette. L’ancien président de la FMSQ est sûr d’en arriver à une entente négociée. « Une de mes fonctions dans la vie est d’arriver à des accords », a-t-il dit.