Philippe Couillard met le PQ K.-O.

Pauline Marois annonçant son départ aux militants du Parti québécois lundi soir en présence de son mari, Claude Blanchet, et de Pierre Karl Péladeau.
Photo: - Le Devoir Pauline Marois annonçant son départ aux militants du Parti québécois lundi soir en présence de son mari, Claude Blanchet, et de Pierre Karl Péladeau.

Le Parti libéral du Québec (PLQ) a infligé une défaite historique au Parti québécois (PQ) et à sa chef, Pauline Marois, en remportant une confortable majorité des sièges à l’Assemblée nationale, grâce à des gains dans presque toutes les régions du Québec.

 

Mme Marois a annoncé sa démission après avoir remporté à peine 30 sièges et 25,4 % des voix, une défaite de l’ampleur des premières campagnes du PQ, en 1970 et en 1973. La chef péquiste a même perdu son siège par 882 voix dans la circonscription de Charlevoix–Côte-de-Beaupré aux mains de la libérale Caroline Simard.

 

Le chef libéral, Philippe Couillard, a terrassé son adversaire souverainiste en remportant la victoire la plus décisive depuis le triomphe de Jean Charest en 2008, avec 70 sièges et 41,5 % des voix. Les électeurs ont envoyé un message sans équivoque au PQ, qui paraissait pourtant persuadé de remporter la majorité des sièges après 19 mois de gouvernement minoritaire, il y a 34 jours.

 

Cette victoire nette du PLQ redéfinit le débat politique et risque de plonger le mouvement souverainiste dans une profonde remise en question. Les électeurs ont dit un non retentissant à la possibilité, même ténue, d’un troisième référendum sur l’indépendance du Québec. Ils ont aussi rejeté la charte de la laïcité, projet phare du gouvernement Marois.

 

« L’ère de la réconciliation est arrivée », a lancé Philippe Couillard devant ses partisans réunis dans la circonscription de Roberval, au Lac-Saint-Jean, où il a été facilement élu devant le vétéran péquiste Denis Trottier.

 

Le scrutin avait pris une tournure quasi référendaire avec le poing levé du candidat péquiste Pierre Karl Péladeau en faveur du « pays », dans les premiers jours de la campagne. Élu dans la circonscription de Saint-Jérôme, l’actionnaire de contrôle de l’empire Québecor siégera dans l’opposition, mais plusieurs piliers du Parti québécois ont mordu la poussière. Les ministres Pierre Duchesne, Réjean Hébert, Diane De Courcy, Yves-François Blanchet, Bertrand Saint-Arnaud et Élizabeth Larouche ont subi la défaite, de même que leurs collègues péquistes Léo Bureau-Blouin, Martine Desjardins, Lorraine Pintal, Djemila Benhabib, Dominique Payette et Alexis Deschênes.

 

Le PQ a aussi perdu une de ses forteresses de Montréal aux mains de Québec solidaire (QS) : Manon Massé a devancé l’ex-ministre Daniel Breton par 91 voix dans la circonscription de Sainte-Marie–Saint-Jacques, au centre-ville. La troisième députée solidaire ira rejoindre Françoise David et Amir Khadir, qui ont remporté de nouveau leur siège sur les banquettes de l’Assemblée nationale.

 

De son côté, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault a remporté 23 % des voix, nettement plus que prévu il y a un mois, grâce à une fin de campagne endiablée, ce qui lui accorde 22 députés à l’Assemblée nationale. M. Legault a été élu dans sa circonscription de L’Assomption, en banlieue de Montréal, mais devra se démener pour faire entendre sa voix face à un gouvernement libéral majoritaire.

 

« C’est clair, on a semé pour l’avenir », a lancé François Legault à ses partisans réunis à Repentigny, en banlieue de Montréal. Il s’est engagé à rester chef de la CAQ durant les quatre prochaines années.

 

Victoire sans équivoque

 

Le grand gagnant de la soirée électorale est sans contredit Philippe Couillard, qui a remporté sur toute la ligne son pari audacieux. Il a d’abord gagné son siège dans le bastion péquiste de Roberval, en défaisant le vétéran Denis Trottier par une confortable majorité.

 

À son premier test électoral, le chef libéral a fait des gains dans presque toutes les régions du Québec. Il a peint en rouge toute la ville de Laval et a arraché deux circonscriptions au PQ sur l’île de Montréal, en plus de remporter des sièges dans le Centre-du-Québec et dans la région de Québec, notamment. Le Dr Gaétan Barrette, candidat vedette parachuté contre l’indépendante Fatima Houda-Pepin, a facilement remporté la circonscription de La Pinière, sur la Rive-Sud.

 

Les vétérans Jean-Marc Fournier (Saint-Laurent), Jacques Chagnon (Westmount–Saint-Louis) et Pierre Paradis (Brome-Missisquoi) ont tous été réélus, et ils seront appuyés par les recrues Hélène David (Outremont), Carlos Leitao (Robert-Baldwin), Martin Coiteux (Nelligan) et Jacques Daoust (Verdun). M. Daoust, l’un des membres du « trio économique » de Philippe Couillard, l’a emporté sur l’une des nombreuses candidates vedettes du Parti québécois, Lorraine Pintal, directrice générale et artistique du Théâtre du Nouveau Monde.

 


Avec La Presse canadienne

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