PQ: Louise Mailloux invitée à se faire discrète

Où est Louise Mailloux, qui défend les couleurs péquistes dans Gouin ? Le Parti québécois ne lui permet pas d’accorder des entrevues aux médias nationaux, a appris Le Devoir.
Malgré un bon début de campagne, la candidate qui affronte Françoise David aux élections doit faire profil bas depuis que ses propos, tenus dans son livre sur la laïcité, ont refait surface et semé la controverse, surtout au sein de la communauté juive.
« On ne tient pas à attiser le feu de ce qui est sorti », a confié une source. La décision aurait été prise devant le tollé qu’a suscité la publication d’un billet de blogue de Lise Ravary (Journal de Montréal), qui a rapporté des extraits du livre La laïcité, ça s’impose !, publié aux éditions du Renouveau québécois. Louise Mailloux s’est excusée de ses propos depuis.
Le fond de la chaloupe
La principale intéressée confirme qu’elle a fait plusieurs entrevues en début de campagne et que tout s’est arrêté, coïncidant avec la parution du billet de blogue et une entrevue donnée à La Presse qui a remis l’accent sur ses propos. « On doit se cacher dans le fond de la chaloupe et attendre que la tempête passe », a indiqué Mme Mailloux au Devoir,qui a pu l’intercepter en marge d’un débat entre tous les candidats de Gouin. « Je n’ai eu vent d’aucune demande médiatique depuis. »
Son attaché de presse, Alexandre Banville, abonde : « Pour être honnête, on n’a pas reçu beaucoup de demandes », a-t-il dit. Pourtant, chaque fois que Le Devoir a sollicité une entrevue, la réponse était que Mme Mailloux était trop occupée à faire campagne dans sa circonscription. Mercredi soir, lors du débat avec quatre candidats dans Gouin à l’église Saint-Arsène, M. Banville s’est physiquement interposé entre le journaliste et le caméraman de CTV, rappelant que Mme Mailloux n’accorderait aucune entrevue. « Elle veut faire une campagne locale et elle le fait. Oui, c’est son choix », a-t-il dit.
Mme Mailloux, une enseignante de philosophie respectée au cégep du Vieux-Montréal, avait, à l’instar de Françoise David, tout un fan-club lors du débat à l’église Saint-Arsène. À la fin, des militants se sont étonnés de ne pas l’avoir vue davantage sur la place publique, notamment lors de la conférence de presse sur la charte de la laïcité avec le ministre Bernard Drainville et quatre candidates maghrébines.
Ami et éditeur de Mme Mailloux, Pierre Dubuc ne s’étonne pas que le Parti québécois n’ait pas voulu donner davantage de visibilité à la candidate. « Il y a eu une campagne vicieuse menée par les journalistes et les organisations juives contre elle, et on peut comprendre la direction du PQ de vouloir contrôler le message jusqu’à un certain point », a indiqué le rédacteur en chef de L’Aut’Journal. « Je suis à l’aise avec ça. Je dis toujours qu’une campagne électorale c’est une guerre. Nous, on est de simples soldats et les généraux doivent établir le plan de match ».
Pas désavouée
Si Mme Mailloux a été forcée de se faire discrète, elle n’a pas été désavouée par son parti. La chef, Pauline Marois, a toujours refusé de condamner les écrits de la candidate. Luciano del Negro, du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, a confié au Devoir que son organisation avait talonné pendant six jours le cabinet de Mme Marois pour demander qu’elle se dissocie des propos de Mme Mailloux. Jamais le PQ n’y a consenti.