Les élections pourraient mettre le projet de loi en péril

La ministre Véronique Hivon tenant son projet de loi concernant les soins de fin de vie.
Photo: La Presse canadienne (photo) Jacques Boissinot La ministre Véronique Hivon tenant son projet de loi concernant les soins de fin de vie.

Québec — L’Assemblée nationale ne parviendra pas à adopter le projet de loi sur les soins de fin de vie si le gouvernement péquiste fonce en campagne électorale au lendemain du dépôt du budget, met en garde le Parti libéral du Québec.

 

En dépit de la rumeur électorale, plusieurs élus tiennent à prendre la parole avant l’adoption finale du projet de loi 52, souligne la députée libérale de Hull, Maryse Gaudreault. « On est cinquante de notre côté. Ça pourrait vouloir dire qu’il y aura cinquante personnes qui vont intervenir », a-t-elle fait remarquer dans un entretien téléphonique avec Le Devoir. Selon elle, « cela signifie que dans la prochaine semaine, ça ne sera pas possible de l’adopter parce qu’il faut permettre à tous les parlementaires qui souhaitent s’exprimer [de le faire] », ajoute-t-elle.

 

Puisque le chef libéral, Philippe Couillard, a permis un vote libre, les députés du PLQ ne pourront s’abriter derrière la discipline de parti pour justifier dans leur circonscription leur approbation ou leur désapprobation face au projet de loi délicat.

 

Mme Gaudreault rejette l’idée de « bâillonner » les élus, toutes formations politiques confondues, afin d’adopter le projet de loi prévoyant certains soins comme l’aide médicale à mourir avant la suspension des travaux de l’Assemblée nationale jeudi prochain. « Ce serait totalement antidémocratique ». L’élue libérale exhorte la première ministre, Pauline Marois, d’attendre l’adoption de son projet de législation « tellement important » avant de demander au lieutenant-gouverneur de dissoudre l’Assemblée nationale.


Chose faite

 

À moins d’une élection hâtive, l’adoption du projet de loi 52 peut être considérée comme chose faite, estime Mme Gaudreault, même si quelques membres du caucus libéral n’ont pas encore affiché leurs couleurs. « Si elle y tient tant que ça, madame Marois, elle va nous laisser faire notre travail. Je serais très déçue qu’on parte en élection sans que ce projet de loi soit adopté, croyez-moi ! »,affirme la députée de Hull, regrettant de n’avoir aucune influence sur le calendrier électoral sur les planches à dessin de l’état-major du gouvernement péquiste. « On arrive à destination et pour une raison purement électoraliste, on va mettre en péril l’adoption de ce projet de loi. »

 

La possibilité de voir des dizaines d’élus prendre la parole durant l’étape de la prise en considération du processus législatif exacerbe les craintes du leader du gouvernement, Stéphane Bédard, d’échouer à faire adopter la loi sur les soins de fin de vie d’ici à la relâche parlementaire de deux semaines.

 

Le PLQ se défend de faire de l’obstruction. Le souhait de « plusieurs » députés libéraux de partager leurs réflexions sur les soins de fin de vie « n’a rien à voir » avec les rumeurs de déclenchement d’élections, assure Mme Gaudreault au Devoir. Les élus, toutes formations politiques confondues, se sont élevés au-dessus de toute partisanerie politique en prenant à bras-le-corps la question de « mourir dans la dignité ». « N’allez pas croire qu’on est en train de politiser l’adoption de ce projet de loi », dit-elle.

 

Après quatre années de labeur, la ministre déléguée aux Services sociaux, Véronique Hivon, est « très, très confiante » de prendre part à l’adoption d’un projet de loi « dans les prochains jours », indique son attachée de presse, Laurie Comtois. Mme Hivon a toujours bénéficié d’une « collaboration » de tous les partis politiques, souligne-t-elle. « Mais, si on voit qu’il présente une quarantaine d’interventions, on pourra peut-être soupçonner qu’ils n’ont pas envie qu’on l’adopte finalement », ajoute-t-elle.

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