La charte rappelle l'époque de Franco, selon Guy Breton

Guy Breton a raconté aux membres de la commission parlementaire que la charte de la laïcité, dans sa forme actuelle, «ne trouve pas sa place dans la réalité de notre université».
Photo: - Archives Le Devoir Guy Breton a raconté aux membres de la commission parlementaire que la charte de la laïcité, dans sa forme actuelle, «ne trouve pas sa place dans la réalité de notre université».
Québec — La charte de la laïcité dégage une odeur de franquisme, dénonce le recteur de l’Université de Montréal, Guy Breton.

À l’occasion de son passage à l’Assemblée nationale, il a dit craindre de voir les universités québécoises écrasées par la dictature si le projet de loi 60 est adopté dans sa forme actuelle. Le projet de loi 60 menace la liberté académique des établissements d’enseignement, a-t-il souligné vendredi avant-midi.

En prenant connaissance de la charte de la laïcité, M. Breton s’est rappelé un tête-à-tête avec son homologue de l’Université de Barcelone. «Dans le corridor pour se rendre à lui, il y a les portraits des recteurs antérieurs. […] J'ai demandé à mon vis-à-vis: "Pourquoi, qu'est-ce qui fait qu'il y en a qui durent longtemps, puis d'autres qui ne durent pas longtemps?" Bien, il dit: "Ça, monsieur, c'est l'époque de Franco. Ceux qui faisaient l’affaire restaient là longtemps, ceux qui ne faisaient pas l'affaire disparaissaient"», a raconté M. Breton aux membres de la commission parlementaire chargée d’étudier le projet de loi 60. Puis, il a ajouté: «Je souhaite que nous n'allions pas dans une société où le dictat étatique va faire que nous n'aurons plus d'autonomie, qu'on ne sera plus capables, parce qu'on a une opinion autre, de continuer à faire avancer notre institution.»

Ne faisant ni une ni deux, le président de la commission parlementaire, Luc Ferland, a invité le recteur de l’Université de Montréal à être «prudent sur les propos et les comparaisons».

Aux yeux de M. Breton, la charte de la laïcité, dans sa forme actuelle, «ne trouve pas sa place dans la réalité de notre université». «Nous ne percevons pas la nécessité d'une telle loi, puisque la diversité religieuse n'est pas une source de tension à l'Université de Montréal», a-t-il fait valoir.

En revanche, le projet de législation met une «entrave à la liberté académique, qui est le socle de l'institution universitaire dans tous les pays démocratiques».

Pas de poignée de main

Contrairement à ses habitudes, le ministre responsable des Institutions démocratiques, Bernard Drainville, s’est refusé de serrer la main de M. Breton avant son départ de la salle du Conseil législatif.

Le recteur de l’UdeM se défend d’avoir comparé le gouvernement Marois au régime sanglant de Franco, qui a régné en maître absolu sur l’Espagne de 1939 à 1975. «Si c’est perçu comme une analogie, je m’en excuse, je retire mes propos», a-t-il dit lors d’un bref entretien avec Le Devoir.

Il entendait seulement fournir une «illustration de la liberté académique», a-t-il précisé, appelant une nouvelle fois le ministre Drainville à «laisser [les universités] penser, réfléchir, avoir des opinions qui ne seront pas nécessairement celles du pouvoir politique».

D'autres détails suivront.

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