Charte des valeurs: Lisée lance un appel au calme

Jean-François Lisée lance un appel au calme «préventif» à la population sur la question des accommodements raisonnables, invitant les Québécois à être respectueux les uns envers les autres et en particulier avec les gens qui portent des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique.
«J'aimerais dire autre chose sur le respect que les Québécois doivent avoir les uns envers les autres pendant ce débat, en particulier envers nos concitoyens qui portent des signes religieux dans la société et dans les services publics, a affirmé le ministre responsable de la Métropole, Jean-François Lisée. Pour l'instant, c'est permis, pour l'instant, ça doit être respecté, et j'appelle tout le monde à être respectueux les uns envers les autres […] Lorsque les décisions seront prises, elles seront appliquées, on demandera aux gens de les appliquer, mais d'ici là, s'il-vous-plaît, respect des uns envers les autres, en particulier ceux qui ont des signes religieux».Questionné par les journalistes sur les raisons de cette sortie impromptue à l'entrée du caucus des députés du Parti québécois à Carleton-sur-Mer jeudi matin, Jean-François Lisée a affirmé qu'il ne faisait pas référence à un cas en particulier, mais qu'il souhaitait «faire de la prévention».
Invité à réagir aux propos de Justin Trudeau, qui a fait un parallèle entre la charte des valeurs québécoises et la ségrégation lors d'un discours prononcé jeudi soir à l'Île-du-Prince-Édouard en l'honneur du 50e anniversaire du célèbre «I have a dream» de Martin Luther King, Jean-François Lisée a poussé un long soupir. «On essaie d'avoir une discussion intelligente, modérée sur une question sérieuse, délicate, qui touche aux convictions des gens et je pense que le ton est important […] J'appelle tous les intervenants à respecter les positions des uns et des autres. Moi je conçois que la position de M. Trudeau, il considère que c'est la meilleure pour lui, je respecte sa position, c'est une réponse possible, ce n'est pas la seule réponse possible. Si les Québécois veulent donner une autre réponse, ils ont le droit de le faire.»
Selon lui, le Québec est «toujours jugé sévèrement» pour ses choix et le «Québec bashing» est devenu «une tradition».
Son collègue des Affaires intergouvernementales canadiennes et à la Gouvernance souverainiste, Alexandre Cloutier, estime que «les Québécois n'ont pas de leçons à recevoir de la famille Trudeau». Il parle de «parallèles qui sont disproportionnés» et affirme que comme leader d'un parti national, il doit faire preuve d'ouverture. «Plutôt que d'inviter au dialogue, il accentue des divisions, ce qui est exactement l'inverse de ce que doivent faire des leaders politiques.»
Le ministre responsable de la Charte des valeurs québécoises, Bernard Drainville, a également servi un petit avertissement au chef du Parti libéral canadien. «M. Trudeau devrait prendre acte du fait qu'on veut que ce débat-là se fasse dans le respect de toutes les opinions. On n'est pas obligé d'être d'accord, mais je pense qu'on devrait être capable de se parler sans se lancer des gros mots et sans s'invectiver. Alors moi je l'invite à contribuer à élever le débat plutôt qu'à l'abaisser.»