Alcool aux tables de jeu - Loto-Québec l’emporte

Le casino de Hull. Sans tambour ni trompette, le Conseil des ministres a adopté un décret le 19 juin dernier visant à modifier la Loi sur les loteries, qui empêchait Loto-Québec de servir de l’alcool aux tables de jeu.
Photo: Olivier Zuida - Le Devoir Le casino de Hull. Sans tambour ni trompette, le Conseil des ministres a adopté un décret le 19 juin dernier visant à modifier la Loi sur les loteries, qui empêchait Loto-Québec de servir de l’alcool aux tables de jeu.

Québec — Le gouvernement Marois passe outre les recommandations de la Commission de la santé et des services sociaux et va de l’avant avec l’idée de servir de l’alcool aux tables dans les casinos d’État.


Sans tambour ni trompette, le Conseil des ministres a adopté un décret le 19 juin dernier visant à modifier la Loi sur les loteries, qui empêchait Loto-Québec de servir de l’alcool aux tables de jeu.


La décision a été publiée dans la Gazette officielle mercredi, faisant référence aux règles sur les normes relatives à l’admission du public, au maintien de l’ordre public et à la sécurité des personnes dans les casinos d’État.


Nulle part on ne mentionne qu’il sera désormais permis de boire aux tables de jeu, on se contente d’affirmer que « l’article 8 de ces règles est abrogé ». Cet article stipule que « la vente, le service et la consommation des boissons alcooliques sont permis uniquement à l’extérieur des aires de jeu d’un casino d’État ».


Ces nouvelles règles s’appliqueront dès le quinzième jour suivant leur publication dans la Gazette officielle. « C’est le 18 juillet prochain que l’alcool pourra être vendu aux tables », confirme le porte-parole de Loto-Québec, Jean-Pierre Roy, qui s’est dit « satisfait » de ce changement de réglementation qui permettra à la société d’État d’être « plus compétitive ».


À l’encontre de la commission parlementaire


Cette décision du Conseil des ministres a été prise en juin, le jour suivant la publication des recommandations de la Commission de la santé et des services sociaux.


Au terme des auditions publiques, qui se sont tenues en mai, la commission considérait l’avis des experts qui avaient démontré « les risques de conjuguer alcool et jeu » et écrivait qu’il était du « rôle de l’État de protéger les plus vulnérables de notre société ». Pour cette raison, elle recommandait au gouvernement « de ne pas abroger la disposition qui prohibe la vente, le service et la consommation de boissons alcooliques à l’intérieur des aires de jeux ».


La commission parlementaire faisait suite à une première publication dans la Gazette officielle, le 1er mai, d’un projet de règlement pour casser l’interdiction de vendre de l’alcool dans les aires de jeu, une mesure en vigueur depuis l’ouverture du Casino de Montréal il y a 20 ans et qui visait à empêcher les joueurs de perdre le contrôle de leurs dépenses.


Le gouvernement Marois répondait ainsi à une demande de Loto-Québec qui souhaitait élargir son offre pour être plus concurrentielle et augmenter ses profits, et ce, alors que Québec demandait à la société de verser 40 millions de plus dans les coffres de l’État.


Réactions à Québec


Au bureau du ministre des Finances, Nicolas Marceau, on s’est refusé à tout commentaire mercredi, affirmant que tout avait été dit en commission parlementaire et qu’il s’agissait d’une décision du Conseil des ministres.


Du côté de l’opposition officielle, Yves Bolduc s’est dit « déçu » et « triste » de cette décision. En choisissant de « faire à sa tête », le gouvernement « ne respecte pas les gens les plus vulnérables », affirme-t-il. « Je suis déçu parce que toutes les évidences des experts démontrent que c’était un bon règlement et les arguments que les ministres ont apportés ne tiennent pas la route. Mais ça devient leur décision et ils l’assumeront en temps et lieu. »

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