Des citoyens demandent la transparence numérique pour des contrats publics

Public, mais pas que sur papier. Un groupe de citoyens et de militants pour les données ouvertes réclame au gouvernement Marois la diffusion complète, détaillée, en format numérique ouvert et sans contraintes des informations portant sur tous les contrats publics accordés par le provincial et le municipal. Cette mesure, rendue possible par la numérisation des activités de l’État, est incontournable, selon eux, pour enrayer la corruption, mais également limiter le gaspillage de fonds publics et redonner confiance aux citoyens, dans un présent trouble marqué par les « affaires » et les « révélations ». Sans plus de détails, le Conseil du trésor dit être réceptif à la chose.

« Il est question ici de l’argent des contribuables, a indiqué jeudi au Devoir Jonathan Brun, porte-parole de Québec Ouvert, un organisme qui milite pour plus d’ouverture numérique de la part du gouvernement. Le citoyen a donc un droit de regard sur la façon dont cet argent est dépensé. Techniquement, cela est possible. Mais il faut désormais une volonté politique pour aller plus loin et donner un véritable accès à ces données. »
 

Une pétition vient d’ailleurs de faire son apparition sur le site de l’Assemble nationale pour inciter Québec à prendre ce chemin numérique de la transparence. Parrainée par le député caquiste Jacques Duchesneau, elle invite le gouvernement à rendre publique immédiatement, en format ouvert sur le portail des données ouvertes du gouvernement du Québec, « la liste des contrats octroyés depuis le lancement du système électronique d’appel d’offres du gouvernement » et de mettre à jour ces données « quotidiennement et à perpétuité ». Pour le moment, 253 personnes l’ont signée.


« Dans le contexte actuel, nous avons besoin d’un bon signe de transparence de la part du gouvernement, lance à l’autre bout du fil Nicolas Roberge, entrepreneur de Québec, militant pour les données ouvertes et auteur de cette pétition. Les données portant sur les contrats publics font partie des données de base. Dans une logique de gouvernement dit ouvert, c’est quelque chose que l’on ne devrait pas réclamer, mais qui devrait apparaître par défaut. »


La décision peut d’ailleurs être payante, comme au Texas et en Californie, où la diffusion de ces informations a généré d’importantes économies. « Les citoyens ont pu voir que plusieurs contrats avaient été accordés en double ou en triple et que des dépenses pouvaient facilement être mutualisées, dit M. Brun. En six mois, ces États ont épargné près de 20 millions de dollars. » Le porte-parole de Québec Ouvert estime aussi que la diffusion de ces informations tend à rendre les fonctionnaires plus imputables et à assainir, de manière naturelle, la gestion des fonds publics.

 

Une ouverture


Le Conseil du trésor a avoué jeudi au Devoir « travailler » sur la diffusion de ces informations en format ouvert. « Il reste quelques détails à finaliser », a indiqué l’attaché de presse de Stéphane Bédard, Jo-Annie Larocque. Cette mesure devrait toucher les contrats provinciaux et municipaux. Leur ouverture numérique devrait se faire « très prochainement », a-t-elle ajouté.


Aux États-Unis, les données numériques portant sur les contrats publics sont parmi celles qui sont le plus téléchargées sur les sites gouvernementaux dédiés aux données ouvertes. « Ici, les partis politiques nous promettent depuis des mois plus de transparence, dit M. Roberge. Les actes doivent désormais suivre les babines. »

À voir en vidéo