Lutte contre la collusion - François Legault s’impatiente et veut des poursuites

François Legault n’avait pas de demande précise pour le gouvernement, outre celle de « s’assurer que toutes les ressources nécessaires » sont disponibles pour l’UPAC et les autres autorités compétentes.
Photo: - Le Devoir François Legault n’avait pas de demande précise pour le gouvernement, outre celle de « s’assurer que toutes les ressources nécessaires » sont disponibles pour l’UPAC et les autres autorités compétentes.

François Legault s’impatiente. Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a demandé jeudi au gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pour que des firmes de génie et des entreprises en construction soient poursuivies rapidement et remboursent les fonds publics qu’elles auraient détournés.


« Les gens veulent qu’on récupère notre argent, a plaidé M. Legault en conférence de presse jeudi, à Montréal. Or, ce qu’on a vu dans les derniers mois, ce sont des personnes poursuivies parce qu’elles ont reçu de l’argent personnellement. Mais il n’y a pas eu de poursuites contre les firmes de génie et les gens de la construction qui ont fait de la collusion et ont soufflé les prix des contrats de 20 % à 30 %. » François Legault évalue à « des centaines de millions » les sommes à récupérer.


Le chef de la CAQ a soutenu avoir confiance dans le travail actuel de l’Unité permanente anticorruption (UPAC - qui dispose d’un budget annuel de 30 millions et d’environ 200 employés). Mais les choses ne bougent pas assez vite à son goût. « Considérant les aveux et les preuves [présentés devant la commission Charbonneau par des témoins qui jouissent de l’immunité], considérant la colère de la population, il y a urgence d’agir », a-t-il dit.


M. Legault n’avait pas de demande précise pour le gouvernement, outre celle de « s’assurer que toutes les ressources nécessaires » sont disponibles pour l’UPAC et les autres autorités compétentes. En toute chose, il veut de l’action… et de gros poissons dans les filets. « C’est beau d’essayer des poursuites contre quelques individus, mais des entreprises doivent payer », a répété le leader caquiste, qui était accompagné du député Jacques Duchesneau.


Le ministre de la Justice, Bertrand St-Arnaud, a répliqué par voie de communiqué. « Le gouvernement ne néglige aucun effort pour aller au fond des choses et pour récupérer d’éventuelles sommes qui pourraient avoir été volées à l’État. Cela dit, il faut que les choses se fassent correctement et il n’y a pas de place en ces matières pour la précipitation », a-t-il dit.


M. St-Arnaud a rappelé que le Directeur des poursuites criminelles et pénales est indépendant et que c’est lui qui décide de l’opportunité de déposer des poursuites. Autrement, le ministre a indiqué que les juristes de l’État suivent « quotidiennement et avec intérêt les travaux » de la commission Charbonneau et que, « si des recours civils peuvent être intentés pour récupérer certaines sommes d’argent, ils le seront sans hésitation, en temps opportun ».

 

Moins pressé avec les prête-noms


François Legault ne s’est par ailleurs pas montré aussi pressé dans un dossier connexe, celui du financement sectoriel révélé mercredi par le Directeur général des élections du Québec (DGEQ). Selon ce dernier, les employés de 532 entreprises associées à quatre groupes d’affaires (firmes d’avocats, de comptables, de construction et de génie-conseil) ont versé 12,8 millions à différents partis entre 2006 et 2011. Le DGEQ soupçonne que ce grand intérêt des employés ce certaines firmes cache un stratagème de prête-noms. Des enquêtes sont en cours.


Les informations dévoilées par le DGEQ montrent que le Parti libéral du Québec a été le principal bénéficiaire de cette générosité sectorielle, avec 7,3 millions reçus. Le Parti québécois a recueilli 2 millions et l’ancienne Action démocratique du Québec, ravalée par la CAQ, quelque 800 000 $.


François Legault a répété jeudi que son parti rembourserait toutes les sommes perçues illégalement. Mais pas question de brusquer les choses : un soupçon n’est pas une preuve, et les informations manquent dans ce dossier, selon lui. « On nous dit qu’il y a des possibilités [de fraudes]. Je demande au DGEQ de faire rapidement les enquêtes, car on ne sait pas les sommes remboursées par les firmes à leurs employés. »

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