Assurance-emploi - Une commission «inutile», dit l’opposition à Québec

En nommant deux indépendantistes à la tête de la Commission d’enquête sur l’assurance-emploi, le gouvernement Marois cherche avant tout à promouvoir la gouvernance souverainiste, a dénoncé mardi l’opposition à Québec. Libéraux et caquistes estiment qu’il aurait été plus utile de travailler à développer un front commun canadien.
Le gouvernement a confirmé dans la journée que Gilles Duceppe sera secondé par l’ancienne ministre péquiste Rita Dionne-Marsolais. À ces deux coprésidents s’ajouteront deux commissaires : Michel Bédard, ancien actuaire en chef du régime d’assurance-emploi (entre 1991 et 2003), et Yvon Boudreau, qui a notamment été sous-ministre à l’Emploi.
Les détails du fonctionnement de la Commission seront dévoilés ce mercredi, lors d’une conférence de presse où Québec dévoilera les axes de sa stratégie de gouvernance souverainiste. On sait déjà qu’elle disposera d’un budget de 1,5 million pour mener ses travaux, et que le rapport final sera déposé avant le 30 novembre prochain.
Rapport de force
En entrevue au Devoir, le ministre des Affaires intergouvernementales, Alexandre Cloutier, a précisé mardi que le mandat de la Commission sera de déterminer et de documenter les impacts de la réforme de l’assurance-emploi, de mesurer les problèmes et les avantages du système actuel et d’établir les paramètres d’un régime qui concorderait mieux avec les besoins du marché du travail québécois. Les audiences de la commission seront publiques.
Tous les éléments liés au dossier (existence des quotas de prestations à couper, visites à domicile des inspecteurs de l’assurance-emploi, etc.) seront discutés. La question de la formation de la main-d’oeuvre sera aussi abordée, mais elle n’est pas au coeur de la démarche, a indiqué le ministre. De même, la Commission formulera des recommandations sur la viabilité du projet de rapatrier la gestion de l’assurance-emploi au Québec. À noter que Michel Bédard a pris position l’été dernier en faveur d’une telle mesure.
Selon Alexandre Cloutier, les travaux de la Commission serviront à créer un « rapport de force » avec Ottawa. Entendre les experts et les gens touchés par la réforme aura en ce sens plus de poids que d’adopter une motion unanime à l’Assemblée nationale, dit-il.
Convaincre qui?
Pour Kathleen Weil, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’emploi, un processus ainsi mené et dirigé est carrément « inutile ». « Le Parti québécois n’a pas besoin de convaincre les Québécois : un consensus existe déjà au Québec sur le fait que les réformes proposées par Ottawa [assurance-emploi et formation de la main-d’oeuvre] nous font mal ».
Mme Weil craint donc que la Commission ne serve qu’à « se parler entre gens convaincus ». Cela alors qu’il y a « urgence à bâtir des alliances avec les autres provinces pour convaincre Ottawa de reculer », croit-elle. Or « Gilles Duceppe n’est certainement pas l’homme des consensus canadiens. Alors, on a des inquiétudes quant aux réels objectifs de l’exercice », dit Mme Weil. « On peut se poser la question : est-ce que c’est plus pour promouvoir la gouvernance souverainiste que pour trouver une solution à un dossier extrêmement important pour l’économie du Québec ? »
Le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec (CAQ), Gérard Deltell, croit qu’à « partir du moment où on veut créer une coalition », on ne choisit pas un coprésident « associé à un élément partisan politique très fort ». La présence de M. Duceppe « affecte la crédibilité de la Commission » et nuira à ses chances de succès, croit M. Deltell.