Commission Charbonneau - La firme Génivar suspend un de ses dirigeants

L'ingénieur Michel Lalonde lors de son passage devant la commission Charbonneau
Photo: - Le Devoir L'ingénieur Michel Lalonde lors de son passage devant la commission Charbonneau

Génivar a suspendu un de ses dirigeants, François Perreault, mis en cause dans le cartel des ingénieurs à la commission Charbonneau.


La firme de génie-conseil a mené son enquête parallèle à la suite du témoignage de l’ingénieur Michel Lalonde. Un comité spécial du conseil d’administration a été mis sur pied pour examiner « toute allégation interne ou externe de conduite illégale ».


Ce comité a découvert de nouveaux renseignements permettant de confirmer que « des agissements inappropriés ont effectivement eu lieu », affirme la compagnie dans un communiqué. En termes clairs, le témoignage de Michel Lalonde trouve sa confirmation.


La firme reste floue, en refusant de confirmer l’identité du dirigeant suspendu la semaine dernière, ni même s’il sera rémunéré pendant que l’enquête interne se poursuit. « La question, ce n’est pas de savoir si c’est Pierre, Paul, Luc ou Jean. C’est de faire savoir que ce sont des pratiques qui ne sont pas tolérées par Génivar, peu importe la personne en cause », a expliqué Isabelle Adjahi, directrice des communications et des relations avec les investisseurs chez Génivar.


Génivar, une société cotée en Bourse, estime qu’elle est redevable à ses actionnaires au sujet de ces informations nominatives. La firme a précisé que les faits reprochés à son dirigeant sont liés « au financement des partis politiques et à l’attribution des marchés municipaux ». Michel Lalonde disait donc vrai lorsqu’il a ciblé Génivar comme l’une des firmes faisant partie du cartel des ingénieurs.


Le p.-d.g. de Génius (ex Groupe Séguin) a déclaré à la commission Charbonneau qu’il avait agi à titre de « coordonnateur de la collusion » au sein des firmes de génie qui se sont partagé les contrats d’infrastructures à Montréal, entre 2004 et 2009.


Michel Lalonde a donné le nom d’un seul représentant de Génivar au sein du cartel : François Perreault. Vice-président pour l’ouest du Québec, M. Perreault travaille au sein de Génivar depuis 1989. Jusqu’à tout récemment, il siégeait au comité de discipline de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ), un poste qu’il a dû abandonner à la suite des révélations de Michel Lalonde.


Dons occultes


Selon M. Lalonde, Génivar faisait partie d’un groupe de cinq firmes de génie (avec AECOM, CIMA +, SNC-Lavalin et Dessau) qui ont versé des dons occultes de 200 000 $ chacune à Union Montréal pour la campagne municipale de 2005.


Au total, une douzaine de firmes faisaient partie du cartel des ingénieurs. Après la campagne de 2005, elles ont versé une ristourne de 3 % à Union Montréal sur la valeur de leurs contrats d’infrastructures, en échange d’un quasi-monopole sur les contrats d’infrastructures à Montréal, a dit Michel Lalonde.


Durant la haute saison de la collusion, Génivar a tiré des contrats municipaux dans la région de Montréal environ 12,5 % de ses produits d’exploitation consolidés, selon l’estimation de Mme Adjahi. Selon des données obtenues par Le Devoir en vertu de la loi d’accès à l’information, Génivar a obtenu 438 contrats à Montréal, de 2005 à 2009, pour un total de 12,9 millions.


La firme a modifié sa stratégie d’affaires, et elle tire aujourd’hui davantage de revenus de ses activités à l’extérieur du Québec et à l’étranger. En 2009, les contrats municipaux dans le Grand Montréal représentaient 1 % des produits d’exploitation consolidés.


Le titre de Génivar a clôturé à 23,10 $ lundi à la Bourse de Toronto, en recul de 2,12 %.

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