Le passage de Philippe Couillard au privé soulève des questions

L’entourage de Philippe Couillard est « nerveux » au sujet des « perceptions » laissées par le passage de ce dernier au secteur privé après sa démission en 2008, ainsi que de ses liens avec Arthur Porter, ancien directeur général du CUSM, recherché par l’escouade Marteau.
C’est ce que des sources engagées dans la course à la direction au Parti libéral du Québec font remarquer. Dans l’équipe de l’ancien ministre de la Santé - qui annoncera à 10h mercredi matin qu’il sollicitera la chefferie du PLQ -, on convient qu’il y a « peut-être un problème de perception », lequel devrait être dissipé par les explications du principal intéressé.
En août 2008, l’opposition, à l’époque péquiste, avait reproché à l’ancien ministre d’avoir signé, quelques jours avant son départ, deux décrets en lien avec l’exploitation de cliniques privées. Or, M. Couillard a rapidement été embauché, à l’époque, par Persistance Capital Partners (PCP), entre autres actionnaire principal des cliniques privées Medisys.
En 2008 toujours, le Commissaire au lobbyisme avait fait enquête au sujet des rapports que Stuart et Sheldon Elman, de PCP, avaient eus avec M.Couillard alors qu’il était encore ministre. Le commissaire avait conclu qu’il n’y avait eu aucun lobbyisme illégal ; mais des discussions sur un « projet d’association professionnelle » jusqu’à la conclusion d’une entente de principe, deux mois avant la démission du ministre.
En 2010, une telle pratique a été limitée dans le Code d’éthique et de déontologie des membres de l’Assemblée nationale. Désormais (à l’article 48), un ministre doit « informer par écrit le commissaire de toute démarche sérieuse » en lien avec une nomination ou un poste qu’il pourrait occuper après avoir exercé ses fonctions. Le commissaire pourrait alors demander au ministre « soit de mettre fin à la démarche, soit de se soumettre aux conditions qu’il détermine. Dans ce dernier cas, le commissaire en avise le premier ministre ».
Porter introuvable
Quant à Arthur Porter, M. Couillard a avoué à La Presse « avoir été son ami » et coactionnaire dans une entreprise de consultants. Celle-ci, aux dires de l’ancien ministre, n’aurait jamais servi depuis 2010, année de sa création. M. Porter est introuvable depuis qu’il est soupçonné d’avoir utilisé des fonds publics pour ses propres entreprises.
Les deux avaient été nommés en même temps, en juin 2010, au Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS). M. Porter, qui le présidait, a démissionné récemment. En 2011, la bloquiste Maria Mourani avait qualifié d’« inacceptable » la présence de M.Couillard au CSARS puisque l’ancien ministre de la Santé est aussi « membre du conseil consultatif international mis sur pied par le ministre de la Santé d’Arabie saoudite ». En étant « dans un poste aussi sensible », M. Couillard ne devrait pas « travailler pour un autre pays », soutenait-elle. À cette attaque, ce dernier répond qu’il s’agit d’une sorte de colloque de trois jours une ou deux fois par année, en Arabie saoudite.
Par ailleurs, M. Couillard préside la Fondation canadienne de recherche en santé depuis mars 2011. Selon sa biographie du CSARS, il siège aussi au conseil d’administration de deux sociétés canadiennes de biotechnologie (Amorfix Life Sciences et Thallion Pharmaceuticals) et est administrateur du Collège royal Canada international. Il a aussi travaillé pour la firme Secor, jusqu’à ce qu’elle soit vendue à KPMG en juin.
Il a certains appuis déclarés dans la députation libérale. Son lieutenant à Québec est Sam Hamad. Yves Bolduc l’appuie aussi. Mardi, Alexandre Iracà, élu dans Papineau le 4 septembre, a confirmé au Droit qu’il appuyait M.Couillard, notamment en raison du virage nationaliste qu’il entend prendre.
Troisième candidat à se lancer dans la course, M. Couillard ne sera peut-être pas le dernier. Joint hier, le député de Brome-Missisquoi, Pierre Paradis, qui fut candidat en 1983, soutient qu’il n’a toujours pas terminé sa réflexion.