La prime à l’urne au PQ?

En apparence, les résultats du Parti libéral du Québec le 4 septembre ont fait mentir les maisons de sondage, qui ont sous-évalué le vote libéral. Sauf qu’en analysant certaines données et en menant un sondage post-électoral, la sociologue Claire Durand arrive à une conclusion tout autre : les appuis du Parti québécois ont été surestimés durant la campagne, et Pauline Marois doit sa victoire à un ralliement de dernière minute.

Une étude présentée jeudi soir par Mme Durand lors d’une table ronde organisée par le Centre pour l’étude de la citoyenneté démocratique montre en effet que le Parti québécois aurait bénéficié d’une hausse de 4 points de pourcentage dans les deux dernières semaines de la course - alors que Léger Marketing et CROP montraient une stagnation des appuis.


Ce gain se serait fait auprès de l’électorat caquiste, auquel les libéraux auraient aussi grugé un point. Près de la moitié des discrets sondés ont finalement voté pour les libéraux. Selon Mme Durand, c’est donc dire que le Parti libéral était probablement en avance sur le PQ pendant la campagne, que les appuis de la CAQ étaient sous-estimés et que ceux du PQ étaient au contraire surestimés.

 

Un sondage post-électoral


La spécialiste des méthodologies de sondage de l’Université de Montréal en arrive à ce résultat après avoir mené un sondage post-électoral auprès de 844 répondants, qui avaient été aussi sondés par CROP lors de la quatrième semaine de campagne. En comparant leurs réponses avant et après, on obtient un tableau des transferts de vote.


Selon Mme Durand, les écarts observés sont attribuables en partie au réflexe de « désirabilité sociale » - les gens disent après coup avoir voté pour le parti gagnant. Mais il est surtout « plausible qu’il y ait eu un ralliement vers le PQ en fin de campagne, dit-elle. Ce ne serait pas anormal : on voit dans l’étude que la Coalition avenir Québec a perdu des points au profit des deux autres grands partis et que des solidaires ont voté pour le PQ… Ce sont des phénomènes qu’on connaît depuis longtemps. »


Sauf qu’ils contredisent en partie ce que disaient les sondages juste avant le vote. Pourquoi cette apparente contradiction entre les firmes et les conclusions de Mme Durand ? C’est la faute, notamment, à la répartition du vote non francophone (« mal évalué » selon elle), à celui des « discrets » et à la manière de mener les sondages, croit-elle.


« La question sur les intentions de vote est posée trop rapidement dans les sondages, sans qu’une certaine relation de confiance ait été établie », dit Claire Durand. Des études montrent que poser la question à la fin de l’entretien aide à diminuer de 3,5 points le taux d’indiscrets, rappelle-t-elle.


Aussi, les maisons de sondage auraient intérêt à répartir différemment les « discrets » recensés. « Actuellement, les maisons les répartissent de manière proportionnelle. On postule que ceux qui ne révèlent pas leurs intentions votent comme ceux qui la révèlent. » Or, en rajustant la moyenne des sondages réalisés en accordant 60 % des discrets au PLQ et 20 % chacun au PQ et à la CAQ, Mme Durand arrive à des résultats très proches de ce que fut le résultat du 4 septembre.

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