Les professeurs seront au poste

Photo: - Le Devoir

Un des morceaux du casse-tête de la rentrée est tombé en place hier : les enseignants du collégial ont obtenu les ressources supplémentaires qu’ils exigeaient pour la reprise de la session d’hiver et la session d’automne condensée.

La Fédération des cégeps et la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ CSN) ont convenu de retenir les services de 180 enseignants supplémentaires pour terminer la session d’hiver et assurer le bon déroulement de la session d’automne en mode accéléré. C’est Québec qui assumera la facture, qui s’élève à 18 millions de dollars, selon le syndicat. Les enseignants de 13 des 14 cégeps en grève sont membres de la FNEEQ.

Cette entente doit être soumise aux enseignants cette semaine. Ils pourraient encore la rejeter.


Obtenue « à l’arraché », selon la vice-présidente de la FNEEQ, Micheline Thibodeau, cette entente de principe est « satisfaisante », affirme-t-elle.


« On va être en mesure de soutenir le travail additionnel des profs et de soutenir nos étudiants, surtout les plus faibles », se félicite Jean Beauchesne, président-directeur général de la Fédération des cégeps.


Une entente a également été conclue avec les représentants des enseignantes du 14e établissement touché, le collège de Bois-de-Boulogne.


La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) s’en est réjouie, car si retour en classe il y a, « on veut que ça se fasse dans le meilleur climat possible », dit sa présidente Éliane Laberge.


Si les étudiants reconduisent la grève, cette entente devient caduque.

 

Votes de grève : la variable inconnue


Une pièce manquante pourrait venir brouiller les cartes : et si les étudiants refusaient de retourner en classe, malgré la loi spéciale qui interdit le piquetage devant les cégeps et les universités ?


Plusieurs associations étudiantes doivent statuer sur la poursuite de la grève dans les semaines à venir. « Ce n’est pas parce qu’on est en élection que le conflit est terminé, avertit la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins. Mais peut-être que, dans le cadre d’une campagne électorale, le meilleur moyen pour se faire entendre, ce n’est pas la grève, mais aller voter. » La FEUQ et la FECQ font d’ailleurs de nombreux efforts pour encourager les 18-34 ans à exercer leur droit de vote.


Jean Beauchesne croit que les étudiants rentreront en classe. « La vaste majorité veut finir sa session. Ils se sont d’ailleurs réinscrits à 96 % », dit-il, ajoutant que c’est leur dernière chance avant de recevoir la mention « échec » à leur bulletin.


Alors que lundi plus de 1000 professeurs québécois ont donné leur appui à un manifeste dénonçant la loi 12 qui force le retour en classe, certains ont soutenu qu’ils respecteraient les décisions démocratiques des étudiants avant de se soumettre à une loi qu’ils trouvent injuste. À la FNEEQ, on débattait hier de la position à adopter dans ce cadre. « On reconnaît les votes des associations, dit Micheline Thibodeau, mais il faut regarder comment se comporter, car la loi 12 prévoit des amendes importantes. C’est certain que, si ça prend les forces policières pour donner nos cours, c’est non. Mais il y a toutes sortes de situations plus nuancées qui peuvent survenir sur lesquelles on doit statuer. »


Jean Beauchesne précise d’ailleurs qu’il discute activement avec les forces policières de la rentrée, prévue la semaine prochaine dans plusieurs cégeps. « On ne veut pas revivre ce qui s’est passé à Lionel-Groulx au printemps, dit-il. Si ça devient dangereux, les cours ne se donneront pas. »


La FEUQ encourage les étudiants à respecter la loi, alors que la CLASSE appuiera les associations étudiantes en grève qui décideront de faire du piquetage illégal. « On va les appuyer et subir les conséquences », dit son porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois.

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