Participation fédérale - Le NPD ne veut pas s’en mêler

Ottawa – La campagne provinciale est lancée et des membres de presque tous les partis fédéraux risquent de faire acte de présence sur le terrain. Tous, sauf un : les dirigeants du NPD s’attendent à ce que leurs troupes se tiennent tranquilles. D’autant plus qu’elles en ont reçu le mot d’ordre officieux.
 
Depuis l’élection-surprise de dizaines de députés néodémocrates l’an dernier, leurs antécédents politiques sont scrutés à la loupe. Résultat, l’adhésion d’Alexandre Boulerice et Nycole Turmel à Québec solidaire (ainsi qu’au Bloc québécois pour Mme Turmel) a rapidement été découverte. Les instances du Nouveau Parti démocratique (NPD) avaient alors sommé tous leurs élus de n’appartenir qu’à un seul parti ; le leur. Et la consigne demeure. Pas question de voir les députés photographiés lors d’un barbecue de campagne dans le journal du matin.
 
Car le hic pour les néodémocrates, c’est que les partis de gauche du Québec sont aussi souverainistes. Une allégeance qui leur serait reprochée ad nauseam par leurs opposants politiques dans les années à venir (d’autant plus que le militantisme passé de certains au sein de Québec solidaire ou du Bloc québécois est encore loin d’avoir été oublié).
 
« À la veille d’élections québécoises, mon rôle en tant que député néodémocrate est de continuer la bataille contre les politiques rétrogrades et dangereuses du gouvernement conservateur de Stephen Harper […] L’objectif est simple : remplacer les conservateurs lors des élections de 2015 », a répondu Alexandre Boulerice cette semaine lorsque Le Devoir a tenté de savoir s’il s’impliquerait dans la campagne provinciale. Un discours repris par les porte-parole du parti à Ottawa.
 
Le NPD ne compte pas de parti frère au Québec, comme c’est le cas ailleurs au Canada — et à l’inverse du Parti libéral du Canada avec le Parti libéral du Québec, ou du Bloc québécois avec le Parti québécois. Mais dans les rangs supérieurs du parti, on précise que l’allégeance provinciale ne se fait pas nécessairement au profit d’un parti de gauche pour tout le monde.
 
Les néodémocrates compteraient donc non seulement des partisans de Québec solidaire, mais aussi des libéraux provinciaux, ainsi que des péquistes et même des caquistes en région. « On ne s’attend pas à ce que nos députés et nos troupes aillent se diviser sur un terrain qui n’est pas le nôtre. […] Ce n’est pas dans notre intérêt », souligne-t-on dans les hauts rangs de la formation.
 
L’arrivée de la Coalition avenir Québec (CAQ) pourrait aussi brouiller les cartes dans les rangs conservateurs. Lors de la dernière campagne provinciale en 2007, les ministres Lawrence Cannon et Michael Fortier s’étaient rangés derrière le PLQ. Mais d’autres ont dans le passé été plus proches de la mouvance adéquiste, comme Maxime Bernier, Steven Blaney ou Jacques Gourde. Seront-ils tentés par la CAQ de François Legault ? Dur à prédire, car la Coalition a peut-être absorbé l’Action démocratique du Québec, mais elle est dirigée par un ex-péquiste. Quant au rôle du premier ministre, celui-ci ne sera pas de passage au Québec dans les prochaines semaines, a-t-on assuré dans son équipe. En coulisse, on explique toutefois que les députés seront libres d’appuyer un candidat local. Mais l’ordre fédéral ne prendra pas position sur les enjeux de la campagne ou les politiques des différents partis.
 
Du côté des libéraux fédéraux, certains — comme Justin Trudeau — pourraient bien prêter main-forte à leurs collègues provinciaux. « C’est sûr qu’on va probablement s’impliquer un peu, on a toujours une bonne relation avec le député de notre coin [le libéral Gerry Sklavounos] », a affirmé le porte-parole de M. Trudeau, Louis-Alexandre Lanthier, à La Presse canadienne. Mais M. Trudeau pourrait bien faire cavalier seul. Marc Garneau ne participera pas, plaidant qu’il s’agirait pour lui d’« ingérence ». Notons que son adjoint de longue date, Roch Gamache, l’a quitté récemment pour se joindre à l’équipe de François Legault, aux côtés de quelques autres anciens employés du PLC comme le porte-parole du chef caquiste, Jean-François Del Torchio.
 
Les bloquistes seront quant à eux fidèles au rendez-vous, prêts à épauler leurs confrères du Parti québécois. Mais avec une fraction des députés et employés d’antan, le Bloc québécois doit composer avec « de très modestes moyens », a reconnu le chef Daniel Paillé. Les quatre députés restants et leur chef seront néanmoins sur le terrain, tout comme un employé du parti qui a pris un congé sans solde pour rejoindre l’équipe de Pauline Marois pendant la bataille électorale.

L’ex-leader bloquiste Gilles Duceppe est lui aussi disposé à « donner un coup d’épaule à la roue […] en fonction des demandes », a-t-il expliqué au Devoir.

À voir en vidéo