Bureaux de scrutin dans les campus: le Parti libéral fait cavalier seul

Le Parti libéral fait l’unanimité contre lui. Il semble de plus en plus faire cavalier seul en refusant l’implantation de bureaux de vote dans les cégeps et universités alors que tous les autres partis et plusieurs représentants de la jeunesse et de groupes citoyens font consensus sur l’importance de cette mesure. Le Comité national des jeunes du Parti québécois (CNJPQ) devait faire cet après-midi sur la colline parlementaire à Québec « une sortie » en appui au vote dans les campus avec divers acteurs.

En vertu de documents confidentiels du Directeur général des élections (DGE) qu’il a obtenus, Le Devoir révélait hier que le PLQ s’opposait catégoriquement à cette idée sous prétexte qu’elle « favoriserait particulièrement une partie des jeunes électeurs, soit celle des étudiants ». Cette dissidence du PLQ au sein du comité technique (scrutins) du comité consultatif du DGE désole certains partis, dont Québec solidaire (QS). « Franchement, c’est scandaleux. Je trouve que ce serait tellement intéressant qu’il y ait des bureaux de scrutin dans les cégeps et les universités. On n’arrête pas de dire que les jeunes votent moins que leurs aînés et là, on favoriserait l’exercice du vote des étudiants, mais on dit non parce que ça les favorisait par rapport à d’autres jeunes, a dit Françoise David, coporte-parole de QS. C’est symptomatique d’un parti politique qui a peur de perdre ses élections. »


Le ministre responsable des Institutions démocratiques et de l’Accès à l’information, Yvon Vallières, a réitéré hier matin que son parti privilégiait le vote par correspondance, une mesure qui « vise plus large ». « On a 715 000 jeunes qui ont entre 18 et 24 ans, mais on en couvre environ 400 000 dans les cégeps et universités, ce qui exclut tout le secteur professionnel et les jeunes travailleurs qui pourraient se trouver absents de leur domicile permanent pendant une certaine période », a-t-il indiqué.

 

Les deux mesures


Et pourquoi pas les deux mesures ? C’est l’avis de la Coalition avenir Québec (CAQ) qui se dit favorable à l’implantation de bureaux dans les établissements, mais aussi du vote par correspondance. Pour le président de l’Institut du Nouveau Monde (INM), Michel Venne, « il est essentiel de prendre les moyens voulus pour que les jeunes aillent voter ». Et parmi les moyens privilégiés, il y a les bureaux de scrutin à même les campus, qui a récolté 95 % des appuis dans un sondage réalisé auprès de 200 ex-participants à l’école d’été de l’INM.


Jérémie Gravel, qui était l’an dernier le premier ministre du Parlement jeunesse du Québec, dit vouloir croire que le PLQ fera preuve de bonne foi et qu’il écoutera sa Commission-Jeunesse, elle-même favorable au vote dans les campus. « Des bureaux de scrutin, on en déplace dans les centres de personnes âgées, donc il n’y a pas de raison pour ne pas qu’on le fasse. Surtout que ce ne sera plus possible pour les jeunes de voter dans leurs circonscriptions scolaires », a-t-il noté. D’importantes décisions à prendre sont de plus en plus politisées, croit M. Gravel. « C’est peut-être le temps que le DGE ait plus d’autonomie », a-t-il souligné.


Ébranlé par la fuite des documents confidentiels, qui mine le climat de confiance au sein du comité consultatif, le DGE pourrait mener son enquête. « On attend de voir ce qui va se passer à la prochaine réunion », a dit Denis Dion, porte-parole du DGE.


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Avec Antoine Robitaille

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