Le silence numérique du gouvernement aurait empiré la crise

La dégradation du climat social, en marge du conflit étudiant sur la hausse des droits de scolarité, aurait été induite en partie par le silence du gouvernement de Jean Charest dans les nouveaux espaces numériques de communication. C’est en tout cas ce que pense le député libéral Henri-François Gautrin, spécialiste des questions de démocratie 2.0 dans l’équipe du premier ministre et auteur d’un récent rapport sur la gouvernance au temps du numérique.

« Des forums de discussion en ligne et dans les réseaux sociaux, autant sur la question du Plan Nord [plan gouvernemental visant à stimuler l’activité économique et l’exploitation des ressources naturelles dans le Grand Nord] que sur celle de l’augmentation des frais de scolarité, on aurait dû faire ça », a résumé hier à Lévis le député. C’était lors du congrès annuel de l’Association des archivistes du Québec (AAQ) où il était invité à prendre la parole. « Cela aurait évité bien des débordements. »

 

Prendre sa place


Mandaté par Jean Charest pour réfléchir sur l’inscription du rôle de l’État dans un contexte social et technologique en mutation, M. Gautrin estime que l’administration publique comme l’appareil gouvernemental devraient rapidement prendre leur place dans les univers numériques pour stimuler la participation citoyenne, mais aussi pour entrer en conversation avec les citoyens.


Dans son rapport, rendu public au début du mois de mai, le député libéral recommandait d’ailleurs à Québec d’investir ces espaces numériques afin de donner vie à « des espaces de débats autour [des] grands projets [du gouvernement] ». M. Gautrin évoque également la création d’un « forum citoyen de dialogue » administré par « le Secrétariat à la communication gouvernementale » afin de mieux communiquer avec les Québécois en allant là où ils se trouvent désormais de plus en plus : en ligne.

 

Gestion déficiente


Dans les dernières semaines, plusieurs observateurs de la scène numérique ont, tout comme M. Gautrin hier, déploré la gestion déficiente de la communication par le gouvernement dans les réseaux sociaux et autres lieux d’échange en format 2.0, et ce, en comparaison aux mouvements étudiants et citoyens.


Soulignons que sur Twitter, la dernière intervention de la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, remonte au 15 mai dernier et se résume à un message confirmant en quelques caractères qu’il s’agit bien de « son compte Twitter officiel ». Sans plus. La mise au point visait à se distinguer d’un compte faussement attribué à la ministre qui, lui, est toujours en activité. Ironiquement, ce faux a été également plus actif depuis le début du conflit que le vrai.

À voir en vidéo