Réfection de la centrale Gentilly-2 - 275 millions bien embêtants pour le ministre Gignac

Le plan prévoyait que la réfection de Gentilly-2 serait achevée en 2013.
Photo: Source: Hydro-Québec Le plan prévoyait que la réfection de Gentilly-2 serait achevée en 2013.

Québec — Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Clément Gignac, a paru bien embêté, hier, quand l'opposition officielle lui a demandé à quoi servirait la somme de 275 millions inscrite cette année dans le plan budgétaire du gouvernement pour la réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2 alors que le projet est arrêté depuis l'été 2010.

«Clairement, c'est des chiffres qu'Hydro-Québec avait dans ses livres pour intention d'investissement, mais dans le fond, il n'y a aucune décision qui est prise», a tenté d'expliquer Clément Gignac aux journalistes.

Quelques minutes auparavant, lors de la période de questions à l'Assemblée nationale, le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville, avait demandé au ministre à quoi servirait cette année ce montant de 275 millions. «Visiblement, le ministre n'était pas au courant qu'il y avait 275 millions de budgétés pour Gentilly. Il patine, il fait ce qu'il peut pour essayer de se dépêtrer de ça, mais il ne répond pas à la question», a lancé le député péquiste d'un air amusé.

Clément Gignac a indiqué que l'opposition pourra obtenir les réponses à ses questions parce que Thierry Vandal comparaîtra lors des études des crédits du ministère des Ressources naturelles, une première pour un président d'Hydro-Québec.

La porte-parole de la société d'État, Marie-Élaine Deveault, a indiqué, hier, que les prévisions d'investissement fournies au ministère des Finances proviennent du Plan stratégique 2009-2013 d'Hydro-Québec. Ce plan prévoyait que la réfection de Gentilly serait achevée en 2013.

Données erronées


Comme le projet de réfection est arrêté depuis août 2010, Hydro-Québec fournit au ministère des Finances des prévisions d'investissement erronées depuis au moins trois ans. Selon les plans budgétaires présentés par le ministre des Finances, Raymond Bachand, Hydro-Québec devait investir 414 millions dans la centrale Gentilly-2 en 2010-2011, puis 157 millions l'année suivante et 275 millions cette année. L'an prochain, l'investissement d'Hydro-Québec dans sa centrale nucléaire ne serait que de 22 millions. D'évidence, ces sommes n'ont rien à voir avec les investissements qu'a faits ou s'apprête à faire la société d'État.

Il est clair qu'Hydro-Québec devra investir beaucoup plus que 22 millions dans Gentilly-2 l'an prochain. La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a déjà accordé la permission à Hydro-Québec de reporter d'un an la réfection de la centrale. Mais l'organisme exige qu'Hydro-Québec place le réacteur «en état d'arrêt» soit de façon définitive, soit pour en effectuer la réfection, au plus tard le 31 décembre prochain.

Hydro-Québec procède à l'heure actuelle à une analyse poussée du programme de réfection de la centrale Point Lepreau au Nouveau-Brunswick, une centrale CANDU en tous points semblable à Gentilly-2. La réfection de la centrale de Point Lepreau doit se terminer cet été. Elle devrait coûter au moins 2,4 milliards, soit 1 milliard de plus que prévu.

Au ministère des Finances, on ne se formalisait guère que des données erronées figurent dans le dernier plan budgétaire présenté mardi par le ministre Bachand. Ces données se retrouvent dans la section C intitulée «Le cadre financier du gouvernement, chapitre 4 sur les investissements du gouvernement, alinéa 4.3 sur les investissements des entreprises du gouvernement». «C'est à titre indicateur qu'on met ça là. Ce n'est pas une annonce ou quelque chose comme ça», a signalé le porte-parole du ministère, Jacques Delorme. «Nous, on dit: Hydro-Québec est un gros joueur, il fait beaucoup d'investissements publics et voici ce qu'Hydro-Québec prévoit investir. Maintenant, on sait que cet investissement-là, ce n'est pas sûr qu'il va se faire.»

À voir en vidéo