Budget Bachand - Rien pour les étudiants, de l'aide pour les entreprises

Québec — Il n'y aura rien pour les étudiants dans le budget que Raymond Bachand dévoile aujourd'hui — son troisième budget en parfaite continuité avec les deux premiers. Le peu de marge de manœuvre dont dispose le gouvernement ira en priorité aux entreprises pour les aider à tirer leur épingle du jeu sur les marchés internationaux.
«Nous, comme peuple au Québec, on a beaucoup d'opportunités qu'on est capable de saisir dans cette économie mondiale. Et le budget, de façon très ciblée [...], va tenter qu'on saisisse ensemble ces opportunités pour bâtir l'avenir. Et le contribuable québécois, [comme] ça va créer de la richesse, ça va être bon pour lui», a affirmé Raymond Bachand lors de la brève rencontre avec les médias à laquelle se prête le ministre des Finances la veille de la présentation de son budget, rencontre où il est question de souliers neufs, de ressemelage et, cette année pour faire différent, de nouveaux lacets.Placé sur un thème qui, s'il ne brille pas par son originalité, est fidèle à l'orientation du gouvernement — «Pour une économie forte» —, le budget ne contiendra aucune hausse d'impôt ou de taxe ni d'augmentation de tarifs... en dehors des hausses imposées par les deux budgets précédents: hausse de 2 % de la taxe de vente dont 1 % cette année, cotisation santé qui passe de 100 $ à 200 $ en juillet, augmentation de 1 ¢ par an de la taxe sur les carburants.
Le ministre des Finances a reparlé de «révolution culturelle» précisant toutefois que ce qu'il avait en tête quand il l'avait lancée pour la première fois en 2010, ce n'était pas la Révolution culturelle maoïste de la fin des années 1960, une sombre et sanglante page d'histoire, mais bien Mai 68. Alors que les étudiants québécois multiplient les manifestations dans les rues, cette référence apparaît bien singulière. D'autant plus que Raymond Bachand a affiché, hier, la même fermeté que le premier ministre Jean Charest et la vice-première ministre et ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Line Beauchamp, dans son refus de céder aux revendications des étudiants. «Les étudiants ne seront sûrement pas satisfaits [du budget]», a-t-il prédit. La hausse des droits de scolarité est «un débat qui existe depuis dix ans». L'augmentation a été décrétée dans le budget de l'an dernier. «Les étudiants qui soit veulent la gratuité scolaire, soit s'opposent à toute hausse de frais de scolarité, c'est leur droit. Mais ce débat dans notre société, il a été fait. Le gouvernement a décidé; c'est notre rôle de décider», a-t-il avancé.
La révolution culturelle de Raymond Bachand, c'est celle de la «juste part», la part du coût qu'assumera le contribuable pour les services publics auxquels il a recours, sauf les services de santé. En ce sens, les étudiants sont des acteurs involontaires de cette révolution culturelle.
Augmenter les taxes et les impôts pour l'ensemble des contribuables n'est plus une avenue. «Les contribuables québécois, on leur a demandé leur effort il y a trois ans», a dit Raymond Bachand en faisant allusion à son premier budget qui a programmé les diverses hausses qui frappent la population à l'heure actuelle.
Agacé par certains reportages d'une presse populaire, Raymond Bachand diffusera aujourd'hui un fascicule qui fait la démonstration que les grandes classes de contribuables gardent pour eux davantage de leurs revenus qu'en 2003 malgré l'introduction de la contribution santé et en dépit des hausses de la taxe de vente et des tarifs. Le ministre a soutenu que les contribuables n'assumeraient pas plus de 31 % du fardeau pour renouer avec l'équilibre budgétaire alors que la part du gouvernement s'élèvera à 62 % et celle des entreprises à 7 %, tel que cela a été promis.
Raymond Bachand garde le cap sur l'atteinte de l'équilibre budgétaire en 2013-2014 et sur un surplus de 2 milliards l'année suivante. Même si le gouvernement Charest a du mal à contenir l'augmentation ses dépenses. «C'est un plan de quatre ans et, là, c'est la troisième année où on comprime nos dépenses. C'est de plus en plus difficile. Et l'économie a ralenti et nous avons donc moins de revenus que nous le prévoyions il y a un an», a reconnu le ministre des Finances.