Legault veut créer un ordre professionnel des enseignants

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, créera un ordre professionnel des enseignants s'il est appelé à diriger le prochain gouvernement, a-t-il annoncé, hier, afin d'apaiser les inquiétudes suscitées par sa volonté de soumettre les enseignants des écoles primaires et secondaires à des évaluations en échange d'une hausse salariale.
Les enseignants devront se plier deux fois par année à des «évaluations formelles» effectuées par le directeur de l'établissement dans lequel ils travaillent. «Ça n'existe pas dans la majorité des écoles du Québec», a déploré M. Legault, aux côtés d'une poignée d'enseignants, dont Jean-François Roberge, qui portera les couleurs de la CAQ dans la circonscription de Vachon lors du prochain rendez-vous électoral.«La meilleure façon d'avoir plus d'enfants qui réussissent, c'est de s'assurer de la qualité de l'enseignement, et il faut pour y arriver évaluer les enseignants, mais [aussi] que les enseignants soient convaincus que cette évaluation est faite de façon impartiale», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
L'ordre professionnel des enseignants s'assurerait d'élaborer un «cadre d'évaluation», après quoi il «pourra intervenir en dernier recours lorsqu'un enseignant n'atteindra pas à répétition les standards qui sont exigés» aux yeux de la direction de l'établissement ou encore d'un parent d'élève.
En contrepartie, M. Legault a promis de réviser la formation dispensée dans les facultés d'éducation, de resserrer les épreuves auxquelles devront se soumettre les futurs enseignants, en plus d'accroître l'aide offerte aux enseignants, notamment en mettant sur pied des programmes de mentorat.
«La raison pourquoi on tient tant à évaluer les enseignants, ce n'est pas pour congédier des enseignants, c'est pour permettre d'évaluer l'aide et la formation qu'il est nécessaire de donner à certains enseignants. Il faut identifier ceux qui en ont besoin», a expliqué François Legault.
L'ex-ministre de l'Éducation compte aussi rapatrier l'aide de 1,5 milliard de dollars consentie aux élèves en difficulté d'apprentissage dans les écoles où les besoins sont les plus criants, afin qu'elles embauchent un plus grand nombre de spécialistes, comme des orthopédagogues, en plus de réduire la taille de certains groupes-classes. «Ce sera aux équipes-écoles de choisir comment aider ses enfants. On souhaite redonner plus de pouvoir aux enseignants. On abolit les commissions scolaires pas pour le plaisir d'abolir les commissions scolaires, mais pour redonner le pouvoir aux écoles.»
Le chef caquiste s'est également engagé, s'il est porté au pouvoir, à s'asseoir avec les principaux représentants syndicaux au cours de ses 100 premiers jours à la direction des affaires de l'État afin de discuter avec eux de ce vaste chantier, bien qu'il ne pariait pas gros, hier, sur leur appui. Mais, avec ou sans le feu vert des syndicats, il foncera tête baissée. «Si on attend l'accord des syndicats au Québec pour bouger, on ne bougera jamais», a lancé M. Legault. «Trop souvent», les décideurs politiques «négocient l'organisation du travail avec un syndicat qui, dans le fond, devrait être là pour négocier les conditions de travail», a-t-il ajouté.
Sa volonté de revoir les conditions de rémunération des enseignants avait été reçue par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) avec une volée de bois vert. Réagissant une nouvelle fois au fait que près de 90 % des enseignants s'opposent à l'idée que leur rémunération «devrait varier en fonction des résultats scolaires de leurs élèves», selon un sondage CROP commandé par la CSQ, François Legault a accusé le président de la centrale syndicale, Réjean Parent, de faire preuve de «malhonnêteté intellectuelle» à l'égard de ses membres.
La valorisation de la profession d'enseignant est indissociable, selon lui, d'une amélioration de la rémunération de ces professionnels de quelque 20 % en moyenne. «Il n'est pas question d'avoir une "paie au mérite". Tous les enseignants auront la même augmentation de salaire. S'il y a une modulation, elle sera plus entre les [enseignants oeuvrant dans des] milieux favorisés et [ceux] dans des milieux défavorisés. Pour s'assurer qu'on a les meilleurs enseignants là où on a les plus grands besoins», ces derniers pourraient toucher 30 % de plus que ce qu'ils gagnent aujourd'hui, a-t-il rétorqué hier.