Québec réclame à nouveau le transfert des données du registre des armes

Ottawa — Encore une fois, un ministre du gouvernement du Québec a dû prendre le chemin d’Ottawa pour supplier le gouvernement de Stephen Harper d’appuyer sur le frein pour l’un de ses projets de loi controversés. Mais les efforts semblent bien pour l’instant avoir été complètement vains.
Le ministre québécois de la Sécurité publique, Robert Dutil, s’est présenté aujourd'hui devant un comité parlementaire pour réclamer le maintien intégral du registre des armes d’épaule. Conscient que les conservateurs n’étaient pas prêts à retourner leur veste dans le dossier, le ministre Dutil a demandé à tout le moins le transfert des données vers Québec.Il a déclaré avoir été «surpris» d’entendre récemment que les conservateurs entendaient détruire les données du registre, alors que cela ne figurait pas dans leur plateforme électorale du printemps dernier.
«On les a payées, ces données-là», a-t-il rappelé, ajoutant qu’il ne comprenait pas quelles pouvaient être les objections d’Ottawa à simplement transférer les données aux provinces.
Bernier en désaccord
Mais le ministre Maxime Bernier a une toute autre lecture de la situation. Puisque les données de ce registre ne sont pas toutes exactes ou à jour, les refiler à Québec reviendrait à lui offrir «un cadeau empoisonné». Il est même allé jusqu’à prétendre que la destruction des données était un engagement électoral de son parti. Selon lui, les électeurs auraient dû comprendre que registre et données étaient synonymes et que se débarrasser de l’un signifiait détruire l’autre.
Devant cette fin de non-recevoir d’Ottawa, le ministre Dutil n’a pas voulu se déclarer vaincu. «Je ne peux pas croire que les données ne nous seront pas transférées», a-t-il lancé. Quant à la solution de rebâtir complètement de zéro un nouveau registre pour la province, il a signalé que, compte tenu des coûts, il n’osait même pas envisager cette solution.
Accompagné de représentants de plusieurs organismes, dont l’Association canadienne des chefs de police et la Coalition pour le contrôle des armes à feu, le ministre Dutil a dit que si le registre devait sauver une seule vie, il vaudrait la peine de le conserver. D’après lui, le registre a déjà sauvé plusieurs vies.
De leur côté, les chefs de police ont reproché au gouvernement conservateur de se servir de leur expertise quand ça leur convient et de la rejeter quand bon leur semble. Les policiers réclament, eux aussi, le maintien du registre des armes d’épaule et assurent s’en servir 1700 fois quotidiennement.
Il y a deux semaines, le ministre québécois de la Justice, Jean-Marc Fournier, avait lui aussi comparu en comité parlementaire à Ottawa, mais cette fois-là, pour dénoncer le projet de loi omnibus durcissant la justice criminelle.