Élections: Deltell croit Charest sur parole
Le chef de l'Action démocratique du Québec, Gérard Deltell, écarte la possibilité d'élections précipitées à l'automne tandis que sa leader parlementaire, Sylvie Roy, croit au contraire qu'il faut se préparer à cette éventualité.
Jean Charest «a bien dit, clairement, il y a deux semaines qu'il n'était pas question pour lui de déclencher des élections, que ça n'avait pas bon sens, que ça n'avait pas d'allure», a souligné Gérard Deltell au cours d'un point de presse à l'issue du caucus de ses députés à Montréal. «J'ai la parole du premier ministre qui me dit qu'il n'y aura pas d'élections. Donc, il n'y en aura pas. À moins que ce soit un menteur compulsif, mais ce n'est pas ce que je pense.»Plus tôt en matinée, Sylvie Roy s'est montrée plus circonspecte. «Il faut envisager tous les scénarios. On ne va pas banaliser la force de frappe du Parti libéral», a-t-elle affirmé. Par ses attaques répétées en provenance de Chine ces derniers jours contre les «caquistes» de François Legault, Jean Charest veut servir la même médecine à la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) qu'il a servie à l'ADQ lorsque le parti formait l'opposition officielle en 2007 et 2008 et lui faire «une job de bras», craint Sylvie Roy.
C'est sans grand état d'âme que la leader parlementaire adéquiste accueillerait la disparition du nom de l'Action démocratique du Québec à la suite d'une fusion avec le nouveau parti politique que s'apprête à lancer d'ici la fin de l'année François Legault. «Pour moi, un nom, c'est rien. C'est quand même un "branding", mais c'est les idées qui m'importent», a-t-elle déclaré. Elle dit ressentir un «attachement» à l'égard de ce nom. «Mais ce n'est pas le sommet de mes priorités», a-t-elle ajouté.
De son côté, le député de Shefford, François Bonnardel, estime que le nom de l'ADQ est «un branding important» qu'on ne peut confondre avec «l'Association des dentistes du Québec». Il est important que ce nom soit utilisé aux prochaines élections, a-t-il fait valoir, mais il ne rejette pas tout à fait la possibilité que le parti issu de la CAQ et de l'ADQ porte un nouveau nom comme c'est le souhait de François Legault, selon nos informations.
Pour François Bonnardel, le «défi», c'est de battre Jean Charest. Le député ne veut pas parler d'union de la droite — «la gauche, la droite, je pense que les Québécois, ils s'en foutent», a-t-il dit —, mais bien de l'union des «forces de l'action», condition essentielle pour faire mordre la poussière aux libéraux. «Unir les forces de l'action, je pense que ce sera très important, je ne vous le cache pas.» À 14 % ou 15 % dans les sondages, «il faudrait travailler fort en tabarouette» pour penser former le prochain gouvernement, a-t-il fait observer.
«Je ne rentrerai pas à genoux» dans la Coalition, a tout de même lancé François Bonnardel. Sylvie Roy, quant à elle, n'a pas l'intention de «vendre son âme». Elle ne sera jamais souverainiste, par exemple. «Il y a des choses qui ne sont pas négociables, il y a des choses qui sont difficiles à abandonner et il y a des affaires qui sont négociables. Si on réussit à faire passer les deux tiers de nos idées, on aura fait avancer le Québec», a-t-elle dit. Pour François Bonnardel, les propositions de la CAQ, «c'est des idées qui sont les nôtres».