Khadir «politise» la mort de Layton, dénonce Charest
Tokyo — Amir Khadir tente de «politiser» la mort de Jack Layton à des fins partisanes, a soutenu hier le premier ministre Jean Charest.
En visite au Japon pour faire la promotion du Plan Nord, M. Charest a tenu à répliquer au cochef de Québec solidaire, qui lui a fait la leçon la veille en évoquant les qualités du défunt chef du Nouveau Parti démocratique (NPD).Par manque de jugement, Amir Khadir a voulu exploiter la mémoire du charismatique leader du NPD, mort du cancer, a dénoncé le premier ministre, manifestement piqué au vif.
«C'est vraiment un commentaire regrettable, d'autant plus que nous regrettons tous le décès de M. Layton et que c'est une période de deuil. Franchement, il ne faudrait pas politiser une situation comme celle-là. Je n'en dirai pas davantage», a lancé le premier ministre en point de presse à Tokyo.
M. Khadir a soulevé la controverse lorsqu'il a invité Jean Charest à s'inspirer, dans le dossier de la réforme de la Loi sur les mines, des qualités d'écoute qu'incarnait le populaire politicien.
«Dans son hommage à M. Layton, M. Charest a reconnu les qualités de cet homme. Quelles étaient ses qualités que M. Charest a peut-être oublié de mentionner? Il était à l'écoute des citoyens. [Il était de ces] politiciens qui agissent au nom de l'intérêt de l'ensemble de la population, et non des intérêts particuliers, des investisseurs étrangers ou des amis du parti», a affirmé le leader de gauche, mettant ainsi en opposition MM. Layton et Charest.
Pour le premier ministre, ce sont là des propos déplacés et de mauvais goût, surtout que les funérailles du défunt n'ont même pas encore eu lieu.
«Les funérailles de M. Layton auront lieu samedi [demain] et on n'a pas à en faire un débat politique. C'est un manque de jugement, je peux juste dire ça, c'est un manque de jugement», a-t-il laissé tomber.
Mais les récriminations d'Amir Khadir sur la politique minière du gouvernement du Québec semblaient bien peu préoccuper M. Charest hier lorsqu'il s'est adressé à quelque 160 invités de la Chambre de commerce du Canada au Japon (CCCJ) dans un hôtel de la capitale nippone.
Sur une tribune où était affichée une carte du Québec format géant, le premier ministre a expliqué les grands chapitres du Plan Nord et invité les entrepreneurs japonais à prendre part à l'exploitation des ressources minérales.
Avec son fer, son or, son nickel, ses diamants, ses éléments de terres rares (ETR) et son lithium, le sous-sol québécois a le potentiel d'offrir au Japon un approvisionnement stable et sûr de métaux, a-t-il fait valoir. Il y a au Québec des ressources naturelles «comme nulle part ailleurs dans le monde», a insisté le premier ministre, dont l'allocution a été saluée par l'ambassadeur du Canada, Jonathan T. Fried.
S'il vante le potentiel minier du Nord québécois, le premier ministre n'entend pas pour autant revoir le régime de redevances afin que le Québec retire davantage de ses ressources non renouvelables et de plus en plus convoitées. Des économistes du Mouvement Desjardins ont récemment souligné dans une étude que l'impact du Plan Nord sur les finances sera relativement faible, notamment en raison du régime de redevances. Le chef libéral a répondu à cette étude en soulignant que la province était moins dépendante des redevances que d'autres régions du pays.
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Avec Le Devoir