Pauline Marois craint que la nomination de Penashue nuise au Québec

La nomination, aujourd’hui, du leader innu de Terre-Neuve Peter Penashue, à titre de ministre des Affaires intergouvernementales, risque de nuire au Québec, selon la chef péquiste Pauline Marois.
En choisissant M. Penashue, le seul élu conservateur de cette province, le premier ministre Stephen Harper «envoie un signal assez particulier» au Québec, a estimé Mme Marois, en point de presse, après avoir pris connaissance de la composition du nouveau cabinet fédéral.«On espère que le premier ministre Harper sera conscient qu’il y a là un risque de conflit», selon elle.
Elle a rappelé que deux des principaux litiges en cours entre Québec et Ottawa visent directement Terre-Neuve-et-Labrador, à savoir le développement hydroélectrique du Bas-Churchill et le gisement d’hydrocarbures Old Harry, situé à cheval sur les deux provinces.
Interrogée à savoir si cette nomination devait être perçue comme une forme de provocation de la part de M. Harper, Mme Marois a dit: «J’espère que ce n’en est pas parce que ça commencerait bien mal son mandat».
Le ministre québécois des Affaires intergouvernementales, Pierre Moreau, ne partage cependant pas son avis, pas plus que ses inquiétudes.
«C’est prématuré et un peu réducteur», de craindre un homologue fédéral en provenance de Terre-Neuve, a-t-il fait valoir en point de presse. Il a dit vouloir offrir toute sa collaboration à M. Penashue.
Contestation du Québec
Le Québec — autant le gouvernement Charest que l’opposition péquiste — conteste la décision récente du premier ministre Harper d’offrir à Terre-Neuve-et-Labrador une garantie de prêt pour le projet hydroélectrique de 6,2 milliards $ du Bas-Churchill.
La position du gouvernement du Québec consiste à dire que ce n’est pas à Ottawa de financer les projets de lignes de transport, d’autant plus qu’il ne l’a jamais fait dans le cas d’Hydro-Québec. Mme Marois a parlé quant à elle de concurrence déloyale.
Dans le cas du gisement d’hydrocarbures Old Harry, dans le golfe du Saint-Laurent, Ottawa et Québec ont conclu une entente en mars dernier. Mais la chef péquiste a dit craindre un des volets de l’entente: un processus d’arbitrage visant à déterminer les frontières maritimes entre les deux provinces, «ce avec quoi nous sommes en profond désaccord».
Par ailleurs, compte tenu de la faible représentation du Québec au cabinet, avec seulement quatre ministres, elle a dit craindre que les dossiers de relations Québec-Ottawa soient mis de côté.
«Nous le craignons. C’est pour ça qu’on va être très vigilants», a-t-elle promis.
Maintenant que le nouveau cabinet fédéral est formé, il y a trois dossiers urgents à régler, selon elle: le Pont Champlain à Montréal, le litige sur le Bas-Churchill et d’éventuels contrats à la Davie de Lévis pour la construction de frégates.
Quant à la nomination au Sénat de deux candidats défaits aux dernières élections, l’ex-ministre Josée Verner et Larry Smith, elle a jugé que c’était prématuré. Le premier ministre «aurait pu avoir une petite gêne, puis attendre un peu, avant de nommer ses amis immédiatement au Sénat», selon elle.