Le Réseau Liberté-Québec veut «se tenir debout devant les groupes d'intérêts»

«Guy A., tu ne parles pas pour moi», dit la pancarte portée par Paul Beaudry, présent au rassemblement du Réseau Liberté-Québec. Selon l’un des fondateurs, Éric Duhaime, Montréal est probablement la «première victime de l’immobilisme et du marasme constitutionnel, qui nous ont conduits à ce qu’on vit aujourd’hui» au Québec.
Photo: - Le Devoir «Guy A., tu ne parles pas pour moi», dit la pancarte portée par Paul Beaudry, présent au rassemblement du Réseau Liberté-Québec. Selon l’un des fondateurs, Éric Duhaime, Montréal est probablement la «première victime de l’immobilisme et du marasme constitutionnel, qui nous ont conduits à ce qu’on vit aujourd’hui» au Québec.

Le Réseau Liberté-Québec (RLQ) a profité de son premier rassemblement à Montréal pour jaser responsabilité et liberté individuelles. Les membres ont aussi profité de l'occasion pour attaquer la gauche québécoise, tandis que devant l'hôtel du centre-ville où ils se réunissaient, des manifestants dénonçaient la droite.

Selon l'un des fondateurs, Éric Duhaime, Montréal est probablement la «première victime de l'immobilisme et du marasme constitutionnel, qui nous ont conduits à ce qu'on vit aujourd'hui» au Québec. C'est en partie pourquoi 420 participants du RLQ se sont réunis pour faire sentir aux partis politiques à l'Assemblée nationale «qu'il y a une base qui va les encourager à être plus audacieux et à se tenir debout devant les groupes d'intérêts», a dit l'une des cofondatrices, Joanne Marcotte, lors du discours d'ouverture, samedi matin, applaudie par une foule déjà bien éveillée.

Pour sortir du gouffre, le Québec a besoin de réformes qui placent les libertés et les responsabilités au centre des décisions, ont affirmé les différents conférenciers. Le fondateur de l'Institut économique de Montréal, Michel Kelly-Gagnon, qui était aussi présent au premier événement public du RLQ, à Québec, en octobre, s'est d'ailleurs présenté comme un homme de gauche, rappelant qu'au moment de l'apparition des termes «gauche» et «droite», la gauche représentait les Français anti-monarchistes qui souhaitaient une réforme complète du système. «Aujourd'hui, ceux qui veulent des réformes, c'est nous!»

La chef du jeune parti albertain Wildrose Alliance, Danielle Smith, s'est quant à elle prononcée contre la dépendance de certaines provinces envers Ottawa, notamment celle du Québec. «Le système actuel récompense les taxes dysfonctionnelles, a-t-elle avancé, soulignant que le Québec a plus de médecins et d'enseignants par personne que d'autres provinces, et que les frais de scolarité y sont des plus bas. Il devrait plutôt récompenser les gains de productivité», a-t-elle ajouté, souhaitant également que le gaz de schiste soit exploité ici sous peu. Les participants ont aussi discuté de l'exploitation de cette dernière ressource naturelle au cours d'un panel présentant des positions opposées.

Le cas de la vedette du débat des chefs en français, Mme Paillé, est revenu dans les discussions. La professeure à HEC Montréal Nathalie Elgrably-Lévy l'a invitée à déménager dans une autre ville ou région où il y a plus d'emplois.

Plusieurs adéquistes, dont les députés Sylvie Roy, Gérard Deltell et François Bonnardel, et plusieurs militants conservateurs étaient présents. Selon un sondage à main levée, environ le tiers des participants étaient de la région de Montréal.

Tourner à droite

La journée a plu à M. Houle, entrepreneur de Longueuil qui en était à son premier événement à saveur politique à vie, malgré sa cinquantaine bien avancée. «J'ai toujours été un libéral, de droite oui, mais Jean Charest me déçoit maintenant. J'ai eu envie d'entendre d'autres idées pendant que ça va mal du côté des hôpitaux, des autoroutes...» «Quand l'iceberg est à gauche, il faut tourner à droite!» a ajouté un participant écoutant cette conversation, le Montréalais Michel Boissonneault.

Lorsque Le Devoir s'est présenté au participant Guillaume Marion, 27 ans, ce travailleur de la finance a précisé à la blague «qu'il était gentil», malgré son adhésion aux idées de la droite. «Il y a un certain biais envers ces idées, mais moi, j'ai toujours été un fan des libertés et responsabilités individuelles.» Ce sont d'ailleurs ses copains qui vendaient dans le hall des autocollants «Guy A., tu ne parles pas pour moi» et «Je suis de la droite». Notons que le réseau vise à aider les membres à assumer leurs positions.

À l'extérieur, en matinée, des manifestants ont organisé une fausse manifestation de droite, parodiant les idées du RLQ. Un peu plus tard, le Collectif contre la droite radicale s'est rassemblé devant l'hôtel pour «balancer les idées du RLQ». «Ils ont des chroniques dans les journaux, à la radio, ils passent à Tout le monde en parle: ils sont partout pour nous dire qu'il faut se serrer la ceinture, a expliqué le porte-parole Julien Daigneault. Ce discours qui ne vient pas encore de la population peut être attrayant, mais menace les acquis sociaux.»

Profil des membres


Le RLQ a sondé ses membres cette semaine pour connaître leurs opinions sur une variété de sujets. L'équipe fondatrice du RLQ a été étonnée de la quasi-unanimité sur la plupart des questions. Sur les 516 répondants, 82 % sont pour une révision complète du système québécois de sélection en matière d'immigration, 94 % pensent que le panier de services de santé gratuits est trop étendu, et 72 % veulent un retour au libre choix quant à la langue d'enseignement au primaire et au secondaire.

Près de 9 membres sur 10 sont des hommes, et les deux tiers ont moins de 45 ans.

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