Le Réseau Liberté-Québec tâte le pouls du «514»

Le Réseau Liberté-Québec (RLQ) se soumet aujourd'hui au test montréalais. Après un rassemblement à Québec en octobre, le groupe non partisan qui se positionne tout à la droite de l'échiquier politique tente de voir si ses idées ont une portée dans le «514», avec une journée de conférences portant sur le rôle de l'État, les ressources naturelles et l'économie.

Hier soir, 410 personnes s'étaient inscrites à la journée d'activité se tenant au Hilton Bonaventure, à quelques coins de rue du congrès national du Parti québécois. C'est pratiquement le même nombre de personnes qu'à l'événement d'octobre. «C'est un autre test de marché: on veut voir si des gens de la région de Montréal sont vraiment prêts à se déplacer pour un événement qui étudie des réformes pour changer le Québec», explique la cofondatrice du mouvement, Joanne Marcotte, qui se présente comme une «humaniste progressiste de droite».

Depuis son lancement, l'automne dernier, le Réseau a réuni 800 membres — aux deux tiers âgés de moins de 45 ans — qui veulent «tasser tous les partis politiques du Québec vers la droite» et briser l'axe souverainiste-fédéraliste. Au menu aujourd'hui: une allocution du fondateur de l'Institut économique de Montréal, Michel Kelly-Gagnon, un discours de la chef du parti albertain Wildrose Alliance, Danielle Smith, et une conclusion de l'autre cofondateur, Éric Duhaime, intitulée «Libérez-nous des syndicats», entre autres.

Selon le professeur expert de la droite et du conservatisme québécois à l'Université de l'Alberta Frédéric Boily, Montréal représente un pari risqué, puisqu'en général, les idées de la droite trouvent surtout écho en dehors de la métropole au Québec, «bien qu'il soit exagéré de dire que les régions ont le coeur à droite et Montréal, à gauche». «Si la salle est vide, ça aura l'air d'un mouvement marginal. Ils auraient pu choisir d'aller dans une autre région pour ce deuxième rassemblement. Ils veulent probablement montrer qu'il y a un attrait national» pour le Réseau.

Qui dit droite, dit gauche: des manifestants se rendront devant l'hôtel pour dénoncer le discours du RLQ, qui fait «dévier la colère de "l'homme de la rue" contre le système vers les fonctionnaires, les syndicats, les musulmans, les assistés sociaux, etc.». Ce rassemblement ne vise pas à perturber la tenue de l'activité du RLQ.

La grande libertarienne Danielle Smith, de la Wildrose Alliance, n'a jamais vu de manifestation du type dans sa province, même si elle prononce de 10 à 15 discours par mois depuis 2009. La chef du parti provincial plus à droite que les conservateurs albertains au pouvoir voit tout de même plusieurs similarités entre le Québec et l'Alberta. «Il y a une plus grande confiance ici envers l'État, mais je pense que plusieurs Québécois sont d'accord avec l'idée que le gouvernement fédéral interfère trop dans la province», a-t-elle expliqué hier, bien calée dans un fauteuil du Hilton.

Si l'événement se veut surtout un lieu de réseautage, il y aura certainement certains débats. Le professeur invité au panel sur l'exploitation des ressources naturelles Normand Mousseau, auteur de La Révolution du gaz de schiste y fera valoir ses observations sur la question, tout comme le président de Questerre Energy, Michael Binnion.

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