Concert de dénonciations des primes au rendement
Les trois partis d'opposition à l'Assemblée nationale ont dénoncé en chœur hier le système de primes de rendement qui a connu une croissance importante sous le règne libéral. En seulement quatre ans, les primes ont augmenté de 15 % dans six grandes organisations publiques.
Pour le Parti québécois, il s'agit d'une démonstration éloquente que le gouvernement de Jean Charest «dilapide les fonds publics». Le député Nicolas Marceau, porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances, a réclamé une évaluation de la politique gouvernementale en ce qui concerne les primes de rendement dans ses différents secteurs d'activités. «Nous devons nous assurer que ces bonis incitent à la performance et à la productivité. Autrement, il faut mettre fin à cet octroi systématique», a affirmé M. Marceau.Le parti Québec solidaire estime de son côté qu'il s'agit «d'un système qui favorise une culture d'irresponsabilité». Quant à l'Action démocratique du Québec, le député François Bonnardel a déploré le manque de transparence de ce système qui semble arbitraire.
Étude de l'IRIS
Les partis réagissaient à l'étude de l'Institut de recherche et d'information socio-économiques (IRIS), Les bonis dans le secteur public québécois: coûts et conséquences, publiée hier. Selon le document, les primes versées en 2009 à Hydro-Québec, à Loto-Québec, dans le secteur de la santé, à la Société de l'assurance automobile du Québec, à la Société des alcools du Québec et à la Commission des services juridiques ont totalisé 105 millions de dollars.
«On applique un peu aveuglément les principes du privé dans le secteur public. Ce que l'on constate, c'est que ça ne fonctionne pas et que ça ne donne pas de bons résultats», a dit Simon Tremblay-Pepin, coauteur du rapport de l'IRIS.
Dans le seul secteur de la santé, le gestionnaire responsable du projet de construction du CHUM, Clermont Gignac, a empoché quelque 37 000 $ entre 2005 et 2009 en primes de rendement. Or le dossier du CHUM est marqué par un manque de contrôle financier et des retards à répétition.
«Le CHUM est sûrement l'un des pires cas de mauvaise gestion des dernières années en santé. Récompenser la performance, j'en suis, mais pas des bonis sans objectif», a souligné M. Bonnardel. «C'est honteux», a tranché le député Marceau.
Notons que M. Gignac, tout comme les hauts dirigeants bénéficiaires de primes dans d'autres secteurs gouvernementaux, a vu sa prime suspendue pour deux ans avec le budget 2010. La mesure gouvernementale ne s'applique toutefois pas aux sociétés d'État de nature commerciale, comme Loto-Québec et la SAQ.
Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a également réagi. Il a souligné que les primes ne sont pas versées de façon automatique et que cette façon de faire permet une plus grande efficacité.