6329,46$ pour un texte de 175 mots
Québec — National a facturé 6329,46 $ pour un texte de 175 mots d'une déclaration lue en Chambre par le ministre Clément Gignac. C'est un des nombreux contrats obtenus ces derniers temps par le cabinet de relations publiques que le Parti québécois a dénoncés en Chambre hier, soutenant qu'une bonne partie d'entre eux ont été octroyés sans appel d'offres.
La lecture du mot par le ministre du Développement économique, le 9 février, «a duré une minute. C'est 106 $ de la seconde», s'est amusé le péquiste Bertrand St-Arnaud, hier.Ce n'est pas l'entourage du ministre, en fait, qui a passé la commande à National, mais bien le Bureau de normalisation du Québec (BNQ). Ce dernier souhaitait que le ministre souligne, dans une déclaration au Salon bleu, le prix remporté à Toronto par le BNQ pour la nouvelle norme «Entreprises en santé». Selon la porte-parole Francine Benoît-Plamondon, du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ, dont le BNQ relève), le mandat offert à National était «plus large que ce qui a été mentionné» par l'opposition. Outre la rédaction, il comprenait des «conseils et des services organisationnels», a-t-elle fait valoir. Dans l'offre de services obtenue par Le Devoir, National soutient qu'elle oeuvrera à «susciter l'adhésion des partis de l'opposition» à cette «motion». Or, il n'y a pas eu de motion, mais bien une «déclaration» d'un ministre, ce qui ne nécessitait aucun appui de la part des oppositions. Mme Benoît-Plamondon insiste: National a fait de la «logistique photo et d'invitation». Elle n'a toutefois pas été en mesure de préciser combien de personnes furent invitées à assister à l'événement. Les trois factures obtenues par Le Devoir ne comprenaient aucun calcul de temps ou de détail quant à la nature des services rendus. Le directeur du bureau de National à Québec, Luc Ouellet ne nous a pas rappelés.
Ce dernier, aux dires du PQ, est un «proche du premier ministre et ancien conseiller politique conservateur sous Mulroney» ainsi qu'un «frère d'armes» du p.-d.g. de la Régie du bâtiment, Michel Beaudoin, aussi ancien conseiller politique conservateur et plus récemment, attaché politique libéral et candidat libéral défait dans Vanier. Entre ces deux personnes, c'est le «festival des petits contrats», a ironisé Bertrand St-Arnaud. Énumérant plusieurs autres contrats obtenus par National, le leader péquiste Stéphane Bédard a dénoncé «l'utilisation à outrance» de ce cabinet. Sylvain Simard a parlé d'une «nouvelle version de l'État national vu par le Parti libéral».
La présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne, a nié qu'aucun appel d'offres n'ait été tenu puisque les firmes de communication participent à des appels de qualification permettant d'en sélectionner certaines pour une durée de trois ans. Le PQ soutient toutefois que seuls quatre des contrats cités hier tombaient dans cette catégorie.