Commission Bastarache - Le PLQ accuse Bellemare de vendetta

Selon l’avocat du PLQ, M. Bellemare est un mâle alpha qui ne se serait jamais plié aux désirs des collecteurs de fonds du parti.
Québec — La commission sur le processus de nomination des juges a conclu la première partie de ses travaux sur les plaidoiries des avocats du premier ministre Jean Charest et du Parti libéral du Québec, qui ont rejeté les allégations de trafic d'influence de l'ex-ministre de la Justice Marc Bellemare.
Devant le commissaire Michel Bastarache, l'avocat du PLQ, André Dugas, a soutenu que M. Bellemare a exagéré les faits afin de nourrir une vendetta contre M. Charest et des collecteurs de fonds libéraux.M. Dugas a d'ailleurs décrit M. Bellemare comme un homme ayant une forte personnalité qui ne se serait pas soumis aux demandes de nomination des juges qu'il soutient avoir reçues de Franco Fava et Charles Rondeau, deux collecteurs de fonds du PLQ.
«On voit quelqu'un qui a une forte personnalité, un leader, presque un mâle alpha et pendant ce temps-là, il faudrait croire qu'en juillet-août [2003], il s'incline. Il devient un petit mouton devant M. Fava. Il s'incline et devient sa marionnette. Et M. Fava lui fait nommer qui il veut. Il me semble que ça ne colle pas à la réalité.»
Alors que les avocats de M. Bellemare l'ont présenté mardi comme l'accusé à abattre pour les autres parties, M. Dugas a exprimé l'opinion contraire.
Soutenant que la preuve ne démontre pas les pressions que M. Bellemare dit avoir subies lors de rencontres et d'appels téléphoniques, M. Dugas a laissé entendre que les allégations de l'ex-ministre pourraient être motivées par son envie de se venger.
«C'est une vendetta, ça, c'est clair, mais c'est inutile pour vous, Monsieur le Commissaire, de supputer ou d'étudier sur les motifs de Marc Bellemare, a-t-il dit. Ça ne mène nulle part. Il faut regarder les faits. Et Bellemare est seul à son niveau.»
Selon M. Dugas, les allégations de M. Bellemare n'ont pas été corroborées de manière crédible, même par l'ancien sous-ministre Georges Lalande, qui a témoigné à l'aide de papier à noter autocollant pour dire qu'il avait constaté les pressions exercées par M. Fava.
L'avocat du PLQ juge suspectes les ressemblances entre les témoignages de MM. Bellemare et Lalande et il estime invraisemblable que l'ancien fonctionnaire ait pris les notes produites en preuve lors d'un repas au restaurant avec M. Fava, qui se serait plaint des résistances du ministre de la Justice.
L'avocat de M. Lalande, Réjean Lavoie, s'est ensuite indigné que son client soit soupçonné d'avoir fabriqué des preuves.
M. Lavoie a riposté en affirmant au commissaire Bastarache qu'à part deux factures de restaurants produites par M. Rondeau, les témoignages des deux collecteurs fonds ne sont appuyés par aucun document.
«Cette collection de post-it qu'on ridiculise, mais qu'avez-vous pour Rondeau et Fava, a-t-il dit. Vous n'avez rien du tout.»