Le PLQ accuse Bellemare de vendetta contre Charest et des collecteurs de fonds
Québec — L’ex-ministre de la Justice Marc Bellemare a exagéré les faits afin de nourrir une vendetta contre le premier ministre Jean Charest et des collecteurs de fonds, a laissé entendre aujourd'hui l’avocat du Parti libéral du Québec (PLQ).
Dans sa plaidoirie devant le commissaire Michel Bastarache, André Dugas a d’ailleurs décrit M. Bellemare comme un homme à la forte personnalité qui ne se serait pas soumis aux demandes de nomination des juges qu’il soutient avoir reçues de Franco Fava et Charles Rondeau, deux collecteurs de fonds du PLQ.«On voit quelqu’un qui a une forte personnalité, un leader, presque un mâle alpha et pendant ce temps-là, il faudrait croire qu’en juillet-août (2003), il s’incline. Il devient un petit mouton devant M. Fava. Il s’incline et devient sa marionnette. Et M. Fava lui fait nommer qui il veut. Il me semble que ça ne colle pas à la réalité.»
Alors que les avocats de M. Bellemare l’ont présenté mardi comme l’accusé à abattre pour les autres parties, M. Dugas a exprimé l’opinion contraire. «C’est lui qui a accusé M. Fava, M. Rondeau, M. Charest d’accepter un système où les nominations sont faites pratiquement par des tiers, a-t-il dit. C’est lui l’accusateur.»
M. Dugas a minimisé l’influence des deux collecteurs de fonds, contrairement à ce que M. Bellemare a affirmé, notamment en ce qui concerne les sommes qu’ils récoltaient ou leurs liens avec M. Charest. «Ce sont des connaissances, a-t-il dit. Ce sont des militants qui vont aux activités du parti, aux cocktails, au golf, ils vont aux conseils généraux. Il y en a quelques fois par année et dans le corridor ou ailleurs ils se croisent.»
Soutenant que la preuve ne démontre pas les pressions que M. Bellemare dit avoir subies lors de rencontres et d’appels téléphoniques, M. Dugas a laissé entendre que les allégations de l’ex-ministre pourraient être motivées par son envie de se venger.
Contre M. Charest, qui n’aurait pas soutenu ses réformes dans l’administration de la justice, et contre les deux collecteurs de fonds, qui auraient refusé, en 2005, de s’impliquer dans la course à la mairie de Québec de l’ex-ministre, qui a démissionné en avril 2004, un an après avoir été élu au gouvernement.
«C’est une vendetta, ça c’est clair, mais c’est inutile, pour vous M. le commissaire, de supputer ou d’étudier sur les motifs de Marc Bellemare, a-t-il dit. Ça ne mène nulle part. Il faut regarder les faits. Et Bellemare est seul à son niveau.»
Selon M. Dugas, les allégations de M. Bellemare n’ont pas été corroborées de manière crédible, même par l’ancien sous-ministre Georges Lalande, qui a témoigné à l’aide de papier à noter autocollant pour dire qu’il avait constaté les pressions exercées par M. Fava.
Mais l’avocat du PLQ juge suspect les ressemblances entre les témoignages de MM. Bellemare et Lalande et il estime invraisemblable que l’ancien fonctionnaire ait pris les notes produites en preuve lors d’un repas au restaurant avec M. Fava, qui se serait plaint des résistances du ministre de la Justice. «Avouons que le procédé est hautement suspect, a-t-il dit. Si M. Fava dit des choses comme ça, "je veux forcer le ministre", comment ça se fait que tu notes ça?»
L’avocat de M. Lalande, Réjean Lavoie, s’est ensuite indigné que son client soit soupçonné d’avoir fabriqué des preuves. «Ça frôle l’insulte, a-t-il dit. Je pense qu’on a utilisé des raisonnements boiteux, des simili-démonstrations pour tenter d’attaquer sa crédibilité.»
M. Lavoie a riposté en affirmant qu’à part deux factures de restaurants produites par M. Rondeau, les témoignages des deux collecteurs fonds ne sont appuyés par aucun document. «Vous avez cette collection de "post-it" qu’on ridiculise, mais qu’avez-vous pour Rondeau et Fava, a-t-il dit. Vous n’avez rien du tout.»
Les plaidoiries se poursuivent avec l’avocat de M. Charest, André Ryan.