Nouveau mouvement politique: Legault et Facal ont désavoué Marois, dit Charest

Jean Charest ne croit pas que des libéraux soient tentés de se joindre au nouveau mouvement.
Photo: Agence Reuters Mathieu Bélanger Jean Charest ne croit pas que des libéraux soient tentés de se joindre au nouveau mouvement.

Québec — Les libéraux, le premier ministre Jean Charest en tête, ont fait leurs choux gras, hier, de la perspective que naisse un mouvement politique de centre droit mené par l'ex-ministre péquiste François Legault.

Jean Charest ne croit pas que des libéraux soient tentés de se joindre à ce mouvement qui ambitionne de réunir souverainistes et fédéralistes. «Jusqu'à date, ce que je constate, c'est qu'il y a deux anciens ministres du Parti québécois [François Legault et Joseph Facal]. François Legault, qui était assis à côté de Pauline Marois il y a un an, et maintenant, il est dans un autre mouvement politique.»

«Il est assez clair qu'ils ne sont plus avec elle. Ils doivent avoir une raison qui explique pourquoi ils ont décidé d'abandonner Pauline Marois, a poursuivi le chef libéral. Une chose est sûre: si j'ai bien compris, François Legault et Joseph Facal ne seront pas au prochain conseil national du PQ.»

Plusieurs députés libéraux, dont la vice-première ministre Nathalie Normandeau, voient dans l'initiative de François Legault «une attaque en règle» contre le leadership de Pauline Marois.

La chef péquiste a plutôt fait valoir que les fédéralistes devraient s'inquiéter davantage que les souverainistes de l'apparition de ce mouvement qui met de côté la souveraineté. «En plus, ils s'inscrivent carrément à droite alors que le Parti québécois est un parti progressiste. Alors, ça nuira à l'ADQ et ça nuira au Parti libéral du Québec», a-t-elle avancé.

L'ancien premier ministre Bernard Landry ne voit pas les choses du même oeil.

Créer un nouveau parti de droite non souverainiste est un choix «illogique» qui aurait de surcroît l'inconvénient de diviser le vote.

«Ça me surprend que deux individus intelligents et articulés comme François Legault et Joseph Facal puissent dire: on va régler les problèmes d'abord, on fera l'indépendance après. D'abord, connaissez-vous un pays indépendant qui n'a pas de problèmes?» a déclaré M. Landry hier midi devant des étudiants de l'Université Laval.

Plus tard, l'ancien chef péquiste s'est dit peu inquiété par la démarche, M. Legault ayant déclaré au Devoir que la création d'un tel parti «n'était pas pour demain». Il a toutefois reconnu que ce serait une mauvaise nouvelle pour le Parti québécois. «Entre 15 personnes et faire naître un parti puissant, il y a une différence. Il y a aussi un inconvénient de division des forces.»

Figure de proue présumée de ce mouvement de droite, Joseph Facal n'a pas voulu parler au Devoir hier. On ne sait trop à quelle enseigne il loge. Heureusement, il aura sans doute l'occasion de clarifier sa position le 29 octobre prochain. M. Facal donnera une conférence lors d'une soirée-bénéfice organisée par la revue indépendantiste L'Action nationale. Sur le site de la revue, on fait l'éloge de cet «intellectuel majeur». Son dernier ouvrage, Quelque chose comme un grand peuple, publié en janvier 2010, est «certainement l'expression la plus forte d'un renouvellement de la pensée politique souverainiste depuis le référendum de 1995», écrit L'Action nationale. Joseph Facal «nous y rappelle que la question nationale ne peut sérieusement être mise entre parenthèses et qu'il est aujourd'hui nécessaire de revenir à ses paramètres les plus fondamentaux pour assurer sa remise à l'avant-plan dans la société québécoise», se réjouit la revue.

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