Voitures de métro - La loi spéciale adoptée à l'unanimité à Québec

Le gouvernement de Jean Charest souhaitait mettre rapidement un terme à l'interminable feuilleton des voitures du métro de Montréal. Son vœu a été exaucé en début de soirée hier avec l'adoption à l'unanimité à l'Assemblée nationale d'une loi spéciale qui permettra l'octroi de gré à gré du contrat au consortium Bombardier-Alstom.

Les explications fournies par le négociateur de la Société de transport de Montréal (STM), Lucien Bouchard, à l'occasion d'une rencontre à huis clos qui s'est tenue mercredi soir, semblent avoir eu raison des réticences des partis d'opposition, plus particulièrement de celles du chef de l'Action démocratique du Québec (ADQ), Gérard Deltell.

M. Deltell a toutefois pris soin de rappeler que le gouvernement libéral était «l'architecte du gâchis auquel on a assisté au cours des quatre années et demie» et qui a conduit à l'adoption de la loi spéciale.

La STM pourra donc procéder à l'achat de 468 voitures dans le cadre d'un contrat de gré à gré à Bombardier-Alstom totalisant 1,2 milliard. Les premières voitures seront livrées entre 32 et 43 mois à partir de la date de signature du contrat.

Le ministre des Transports, Sam Hamad, a rappelé hier l'urgence d'agir afin de remplacer les voitures MR-63 qui roulent depuis 44 ans et qui ont atteint leur fin de vie utile. «Aujourd'hui, nous sommes devant un état d'urgence», a-t-il dit en insistant sur l'importance de relancer les emplois dans toutes les régions.

Il a par ailleurs précisé que les firmes d'experts embauchées par la STM avaient fixé le «juste prix» des voitures à 2,8 millions. «Le prix, au départ, était 3,4 millions de dollars par wagon. Finalement, nous avons obtenu un prix de 2,64 millions par wagon, avec un nombre de 468 wagons, a expliqué le ministre. La démonstration claire et nette a été faite que ce prix-là, c'est le juste prix.»

Avec l'adoption d'une loi spéciale, le gouvernement souhaite se mettre à l'abri de recours judiciaires qui pourraient être intentés contre lui à la suite de l'annulation de l'appel d'offres, mais le ministre Hamad a reconnu qu'«on ne peut jamais empêcher un citoyen, au Québec, d'intenter des poursuites».

Le constructeur espagnol CAF, qui s'était qualifié à la suite d'un avis international lancé en janvier dernier, a déjà indiqué qu'il songeait à s'adresser aux tribunaux.

De son côté, le maire Gérald Tremblay avait reconnu mercredi qu'il aurait préféré qu'un appel d'offres international soit lancé, comme s'apprêtait à le faire la STM la semaine dernière. Montréal aurait ainsi eu la certitude de payer le meilleur prix, avait-il fait valoir. Il a toutefois dû se plier à la volonté du gouvernement d'escamoter le processus d'appel d'offres.

Rappelons que ce dénouement survient alors que le gouvernement doit déclencher une élection complémentaire dans la circonscription de Kamouraska-Témiscouata, où se trouve l'usine de Bombardier, à la suite du décès du député Claude Béchard.

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