«Briseurs de grève» - Le patronat balaie l'idée des jeunes libéraux
Les propositions des jeunes libéraux du Québec au sujet de modifications au Code du travail et de la création d'un statut de journaliste professionnel révoltent les acteurs économiques, tandis qu'elles attirent l'attention des organisations de journalistes de la province.
Les membres de la Commission-Jeunesse du Parti libéral recommandaient dimanche au gouvernement d'étendre la définition de «briseur de grève» du Code du travail aux personnes embauchées lors d'un conflit qui oeuvrent en dehors du lieu de travail, une pratique rendue possible grâce aux nouvelles technologies. Les jeunes donnaient l'exemple de Quebecor qui publie son Journal de Montréal avec l'aide de travailleurs hors de ses locaux.Cette proposition est accueillie avec «incrédulité» au Conseil du patronat. «On a déjà des demandes pour alléger le Code du travail parce qu'il fait fuir des investisseurs potentiels, dit le président, Yves-Thomas Dorval. Ça ne ferait que rendre plus inéquitable le rapport de force entre les travailleurs et les entreprises.» Il a d'ailleurs écrit une lettre au premier ministre Jean Charest pour faire valoir son point de vue, tout comme la direction de la Fédération des chambres de commerce du Québec et son aile jeunesse.
La vice-présidente aux affaires publiques de cette Fédération, Caroline St-Jacques, a expliqué que l'«on s'inquiète que des entreprises ne passent pas au travers» des conflits de travail si certaines n'utilisent pas une main-d'oeuvre hors de ses bureaux. Il faudrait plutôt trouver des moyens de prévenir les grèves et les lockout.
Journaliste professionnel
La proposition de créer un statut de «journaliste professionnel» dans la province est bien accueillie par l'Association de journalistes indépendants du Québec, à condition que ce ne soit pas «une coquille vide». «Si ce statut implique que les journalistes aient des obligations, comme de travailler pour un certain tarif minimal, ça pourrait améliorer les conditions de travail des journalistes indépendants, estime le président, Nicolas Langelier. Et si l'État subventionnait les médias qui utilisent les journalistes "professionnels", ça pourrait aussi être bénéfique pour nous.» L'idée est d'ailleurs dans l'air, a-t-il dit, lui qui participe au comité Groupe de travail sur le journalisme et l'avenir de l'information au Québec, que préside l'ancienne journaliste Dominique Payette.
La Fédération professionnelle des journalistes du Québec ne se prononce pas sur la question. Elle compte rouvrir le débat au sujet du nouveau titre auprès de ses membres, alors qu'elle en avait déjà débattu en 2002. «Mais une chose est sûre: ce n'est pas aux jeunes libéraux ou à quiconque d'autre de dicter les règles [à ce sujet], a affirmé le président de la Fédération, Brian Myles. Ça doit commencer par les journalistes et se terminer avec les journalistes.»