Les souverainistes sont divisés sur le hidjab

Québec — La famille souverainiste est divisée sur la question du port de signes religieux par les employés de l'État.

Alors que la chef du Parti québécois, Pauline Marois, prône aujourd'hui la laïcité intégrale de l'État et l'interdiction du port de signes religieux ostensibles pour tous les employés de l'État, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, continue à soutenir le principe de laïcité ouverte.

Dans son mémoire présenté à la commission Bouchard-Taylor en novembre 2007, le Bloc québécois préconisait «une approche ciblée» par laquelle il serait permis aux employés de l'État de porter un signe religieux à l'exception des agents de l'État qui sont en situation d'autorité comme les juges et les policiers.

C'est exactement la recommandation qu'a faite la commission Bouchard-Taylor au gouvernement Charest. D'ailleurs, un conseiller de la Commission, le juriste Pierre Bosset, a indiqué au Devoir que cette recommandation avait été directement inspirée par le mémoire du Bloc.

«Notre position est toujours la même», a confirmé hier Pierre Paquette, le leader parlementaire du Bloc. «Nous, on est favorables à une laïcité ouverte. Face au projet de loi du gouvernement du Québec, on trouve qu'il ne va pas assez loin et que les agents de l'État qui sont en autorité ne devraient pas porter de signes religieux.» Mais les autres employés de l'État devraient avoir le droit de porter des signes religieux «sauf la burqa et niqab, a-t-il ajouté. On n'a pas de problème avec le foulard islamique et le kippa, à moins évidemment qu'il y ait des questions de santé et sécurité.»

La position du Bloc «a été mûrement réfléchie», a souligné M. Paquette. Il y a 11 ans, le Bloc mettait sur pied un «chantier de réflexion sur la citoyenneté», que Pierre Paquette a présidé. De cette réflexion, c'est le principe de laïcité ouverte qui s'est dégagé, une position qui fut ensuite approuvée par l'exécutif national, puis par le caucus des députés bloquistes. Il y a un mois, cette position fut à nouveau confirmée, a précisé M. Paquette.

Si le Bloc et le PQ ne sont pas sur la même longueur d'onde en la matière, c'est que la position péquiste a changé. Dans son mémoire présenté à la commission Bouchard-Taylor, le parti de Mme Marois limitait l'interdiction aux seules figures d'autorité, à l'instar du Bloc.

Jeudi en point de presse, Pauline Marois a soutenu que même s'il s'agit d'un voile laissant le visage découvert, le hidjab contrevient à la nécessaire neutralité de l'État.

«Il y a un débat autant au PQ que dans le mouvement souverainiste et que dans la société. Pour le moment, il faut garder une certaine ouverture d'esprit», croit pour sa part Pierre Paquette.

«Notre ennemi principal, si je peux m'exprimer ainsi, demeure le multiculturalisme qui vient brouiller les cartes», a-t-il ajouté.

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