Marois se range à l'avis des économistes «lucides»

Pauline Marois
Photo: - Le Devoir Pauline Marois

Orford — Il faut «dégraisser» la santé et les sociétés d'État avant de hausser toute taxe ou tout tarif, a soutenu Pauline Marois, au terme de deux jours de caucus péquiste à Orford.

«Avant d'aller fouiller dans la poche des citoyens, on devrait regarder dans sa propre cour», a lancé la chef du Parti québécois. Mme Marois a dit s'inspirer des idées, qu'elle a qualifiées d'«intéressantes», se trouvant dans le deuxième «fascicule» commandé dans le cadre des consultations prébudgétaires par le ministre Raymond Bachand. Ce document a été dévoilé mercredi et est l'oeuvre d'un comité consultatif d'économistes souvent étiquetés de «lucides»: Pierre Fortin, Luc Godbout et Claude Montmarquette. Le comité est coprésidé par MM. Bachand et Robert Gagné, professeur à HEC Montréal et directeur du Centre sur la productivité et la prospérité.

Mme Marois a noté que l'on y fait référence «aux structures du système de santé». Ces dernières années, a-t-elle précisé, on a modifié profondément la façon de «livrer les services en santé et on a oublié une structure [...] qui a moins son rôle, qui a moins de responsabilités. On pourrait dégraisser de ce côté-là», a-t-elle dit. Elle soutenait ainsi qu'il fallait réduire à leur plus simple expression les 18 agences de la santé et de services sociaux du Québec. Depuis que l'on a concentré dans 95 centres de services sociaux toute la distribution des services, ceux-ci deviennent «gérables» sans qu'il y ait les agences. Elle a soutenu qu'«il pourrait y avoir des services gouvernementaux très allégés qui font la relation», mais il ne serait pas nécessaire de tout conserver. Réduire cette bureaucratie représenterait une économie de 600 millions dans le domaine de la santé, a-t-elle précisé, se fiant aux fascicules du ministre Bachand. «Ce n'est pas rien, ça. Alors avant d'aller imposer une TPS [sic], à ce moment-ci, je crois que c'est le ménage qu'on devrait faire, et éliminer les gaspillages», notamment chez Hydro-Québec, Loto-Québec et à la SAQ.

Plus tôt, le critique péquiste en matière de finances publiques, Nicolas Marceau, avait souligné que dans le deuxième fascicule Gagné-Bachand, on met en relief qu'Hydro, pour ses secteurs transport et distribution, s'est classée dans le «troisième quartile» lorsque sa performance a été évaluée. Bref, Hydro est «du mauvais côté, en bas de la moyenne» et «on peut faire mieux». Mais à Hydro, «on ne semble pas recevoir ce message qu'il faut resserrer la gestion», a déploré M. Marceau. Il a indiqué que dans les prochaines semaines, lorsque le rapport annuel d'Hydro-Québec sera déposé, on pourra prendre connaissance d'un «premier vrai exercice de comparaison avec d'autres entreprises équivalentes du Canada».

Il croit aussi que des comparaisons de gestion entre la Société des alcools et la LCBO ontarienne ou «la compagnie qui vend de l'alcool en Alberta» seraient très profitables. «Si on se rend compte que, à la SAQ, on fait ça à un coût qui est trop élevé, qu'on prenne les mesures» pour les réduire, a-t-il conclu. Pour l'instant, il rejette l'idée de privatiser la SAQ, comme l'a fait l'Alberta à la fin des années 1990 avec sa société d'État qui vendait de l'alcool.

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