Les baisses d'impôt seront conditionnelles au maintien du déficit zéro, dit Charest
Sainte-Foy - Si l'état des finances publiques le commandait, Jean Charest, une fois premier ministre, n'hésiterait pas à maintenir l'équilibre budgétaire plutôt que de respecter l'engagement libéral de réduire les impôts de cinq milliards en cinq ans.
Le choix entre le retour au déficit et les baisses d'impôt est clair pour le chef libéral. «Il n'est pas question de sacrifier l'équilibre budgétaire», a assuré Jean Charest, quelles que soient les incertitudes que la guerre en Irak laisse planer sur la situation économique mondiale.Toutefois, Jean Charest a rappelé que le cadre financier qui charpente le programme électoral de son parti s'appuie sur des hypothèses prudentes. «On ne retournera pas au déficit, d'une part, mais, d'autre part, je vous rappelle — parce que c'est une question de rigueur — que, dans notre cadre financier, on a des projections qui sont très, très prudentes, que ce soit pour la croissance économique, les transferts fédéraux et ce qu'on appelle le phénomène d'élasticité de nos revenus gouvernementaux», a-t-il dit. Il a souligné que ce cadre financier était basé sur une croissance économique moyenne de 2,5 % par année tandis que le dernier budget Marois table sur une croissance de 3,5 % en 2003-04 et de 3,2 % en 2004-05.
Après un bain de foule dans un centre commercial de Québec, le chef libéral a fait un saut, hier, dans la circonscription de Jean-Talon, en banlieue de Québec, pour donner un coup de pouce à la députée libérale Margaret Delisle, qui avait remporté la victoire par seulement 156 voix en 1998. En soirée, M. Charest s'est retrouvé dans un autre comté chaudement disputé, celui du député libéral de Kamouraska-Témiscouata, Claude Béchard.
Jean Charest a réclamé de Bernard Landry qu'il présente un cadre financier à l'instar de son parti et de l'Action démocratique du Québec. Il a rappelé que, lors des élections de 1998, Lucien Bouchard avait présenté le cadre financier d'un prochain gouvernement péquiste. «Je reconnais que l'ADQ a déposé un cadre financier qui se prête à l'examen. Les seuls à ne pas avoir déposé de cadre financier, c'est les péquistes et M. Landry. Pas un chiffre, rien», a -t-il dit. Les projections du dernier budget Marois, déposé le 11 mars, ne suffisent pas car «ils ont fait une foule d'annonces qui ne sont pas incluses dans le budget».
Le chef libéral s'en est pris, hier, à la vice-première ministre Pauline Marois qui, dans une entrevue accordée au Journal de Québec, affirmait que les compressions envisagées par le PLQ, totalisant environ deux milliards par année au terme de cinq ans, signifieraient l'abolition des ministères de l'Environnement, de la Culture et des Relations internationales. «En terme de démagogie, on ne peut pas aller plus loin que ça, s'est offusqué M. Charest. Ça ressemble beaucoup, avouons-le, à de la panique quand une femme comme Mme Marois, qui a quand même une certaine expérience de la politique, se permet de dire des grossièretés de cet ordre-là.»
Réagissant aux dernières statistiques sur le chômage, qui montrent un accroissement de 0,3 % du taux de chômage au Québec, à 8,9 %, et une perte de 21 000 emplois, M. Charest a soutenu que la performance économique du Québec était en deçà de la moyenne canadienne tant sur le plan de la croissance que sur celui de la création d'emplois. «Il est peut-être temps qu'on change de formule», a-t-il dit, rappelant que le Québec n'attire que 18 % des investissements privés au Canada même si le gouvernement Landry dépense plus de quatre milliards par année en subventions et en crédits d'impôt aux entreprises.