Protection du Saint-Laurent - Nature Québec veut des engagements fermes du Canada et des États-Unis

Nature Québec réclame dans son mémoire à la Commission mixte internationale (CMI) «un engagement ferme et à perpétuité qu'aucun dragage de capitalisation ne sera effectué dans le Saint-Laurent pour élargir ou approfondir la voie navigable ou la voie maritime».

Pour Nature-Québec, cette garantie par les États-Unis et le Canada constitue un préalable qui rendrait plus crédible ses nouvelles propositions de gestion des débits du fleuve et du lac Ontario, dont le principal groupe environnemental du Québec craint les séquelles pour les villes et les écosystèmes.

Nature Québec estime qu'un tel engagement des États-Unis et du Canada, par l'intermédiaire de leur Commission mixte, permettrait d'éviter l'assèchement des zones littorales du Saint-Laurent si l'eau devait se concentrer davantage dans un chenal plus profond.

Il est tout aussi important, ajoute Marc Hudon, porte-parole de Nature Québec, que les ministères fédéraux et leurs organismes associés déposent dès maintenant les plans qu'ils préparent pour rehausser, au profit de la navigation par exemple, le niveau de l'eau au centre du fleuve au moyen de digues ou de barrages fluviaux, lesquels transformeraient alors le Saint-Laurent en une enfilade de lacs qui n'auraient que peu à voir avec le cours d'eau actuel.

C'est pourquoi le mémoire de Nature Québec insiste sur la nécessité d'obtenir maintenant des deux gouvernementaux fédéraux des «garanties préalables» afin que les moyens envisagés pour réduire l'écoulement de l'eau dans le chenal navigable ou pour rehausser son niveau n'aient «aucun impact significatif pour l'environnement» comme l'envasement des rives ou de l'embouchures des tributaires, le réchauffement de l'eau ou une diminution de sa qualité.

Nature Québec n'est pas absolument opposée à une gestion des débits et niveaux du Saint-Laurent qui se rapprocherait des débits naturels «si» les gouvernements parviennent à gérer les problèmes causés notamment par la présence de milliers de résidences dans les plaines inondables.

Étude d'impacts

Le groupe environnemental demande par ailleurs à la Commission d'étudier les impacts économiques et écologiques d'un éventuel abandon des dragages d'entretien du chenal maritime, une hypothèse qui irait de pair avec un retour aux débits naturels. Cela permettrait de savoir, explique Marc Hudon, si l'industrie maritime est capable ou non de s'adapter à une politique de transport plus compatible avec les besoins biologiques du Saint-Laurent dans un contexte de changements climatiques. Le remplissage progressif du chenal maritime contribuerait notamment à relever le niveau d'eau en rives.

Nature Québec s'oppose à tout changement au mode actuel de gestion du fleuve, comme elle l'avait dit aux audiences de la CMI à Montréal à la mi-juin. Mais le groupe ajoute aujourd'hui de nouvelles conditions à toute modification que pourrait proposer la Commission. Il insiste par exemple sur la nécessité d'obtenir préalablement à tout changement aux règles actuelles une assurance de Québec qu'il protégera désormais sans concession la plaine inondable du Saint-Laurent et qu'il imposera une obligation légale de non-intervention à perpétuité dans cette zone inondable.

Nature Québec se surprend de constater l'absence de véritable analyse par la CMI des impacts cumulatifs des changements climatiques sur le fleuve, y compris ceux associés à la baisse des niveaux dans les Grands Lacs en raison du réchauffement et de la disparition du couvert de glaces.

Le groupe écologiste ne fait diplomatiquement aucune allusion au fait que l'absence d'analyse des impacts cumulatifs liés aux changements climatiques pourrait s'expliquer par la réticence des deux administrations fédérales à reconnaître le moindre impact d'un phénomène envers lequel ils entretiennent un scepticisme chronique.

Aux États-Unis, cette semaine, le vice-président Dick Cheney a d'ailleurs été accusé devant une commission du Congrès d'être intervenu pour atténuer le témoignage de hauts fonctionnaires qui s'apprêtaient à dresser le portrait des impacts des changements climatiques sur la santé publique aux États-Unis.

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