Un peu plus d'argent afin de franciser les immigrants

Après un an de turbulences sur le front des accommodements raisonnables et de l'immigration, le gouvernement du Québec a décidé d'augmenter de 20 % le budget du ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles (MICC) consacré à la francisation des nouveaux arrivants.

Un investissement de 65 millions en cinq ans est prévu afin de faciliter la francisation et l'intégration en emploi des personnes immigrantes. Cette somme s'ajoute aux mesures déjà prévues, pour un total de 186 millions d'ici 2012-13.

Pour l'année financière débutant le 1er avril prochain, il s'agit d'une bonification de dix millions de dollars en francisation et en intégration. Les modalités de ce soutien seront détaillées au cours des prochaines semaines par la ministre Yolande James. Le MICC doit également présenter au printemps son plan stratégique qui précisera les orientations, les objectifs et les indicateurs de performance à atteindre.

Toutefois, on peut d'ores et déjà s'attendre à ce que des organismes communautaires qui travaillent à l'intégration des nouveaux arrivants puissent bénéficier d'une aide supplémentaire, ont expliqué hier des fonctionnaires responsables du dossier. De même, on offrira davantage de cours de français.

Cette hausse budgétaire découle entre autres choses de la hausse prévue des volumes d'immigration. L'automne dernier, le gouvernement a décidé d'accueillir davantage d'immigrants au cours des prochaines années, c'est-à-dire 55 000 nouveaux arrivants plutôt que 45 000 par année.

Du côté de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), on ne se montre guère impressionné par l'annonce gouvernementale, y voyant tout de même un «petit effort». «C'est assez décevant. Compte tenu de l'ampleur des débats et des discussions des dernières semaines, on s'attendait à plus. [...] Souvent, le dossier de la francisation n'occupe que quelques lignes dans les budgets. Là, il y a quelques pages», a commenté le directeur général de la TCRI, Stephan Reichhold.

Cette décision d'accroître les budgets consacrés à l'immigration a été présentée hier par la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, comme une occasion d'essor économique pour le Québec. «Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, nous avons besoin d'une immigration qualifiée. Et la concurrence sera vive entre les pays d'accueil pour attirer une main-d'oeuvre qualifiée», a affirmé la ministre à l'Assemblée nationale.

Le budget du MICC passe de 111,2 millions en 2007-08 à 270,3 millions pour l'année 2008-09. Il faut toutefois retrancher une somme de 145,3 millions correspondant aux crédits provenant d'Ottawa qui seront redistribués aux divers ministères ayant des activités soutenant la francisation et l'intégration des immigrants. C'est notamment le cas du ministère de l'Éducation, du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale ainsi que du ministère de la Santé. L'ajout budgétaire net en immigration s'élève donc à 13,8 millions pour 2008-09, somme qui s'ajoute aux dix millions en francisation et en intégration.

Accusé depuis plusieurs années de ne pas respecter les termes de l'entente Canada-Québec sur l'immigration et d'utiliser à d'autres fins les fonds transférés par le fédéral, le gouvernement du Québec a décidé de créer une nouvelle structure «afin d'assurer une plus grande rigueur et une plus grande transparence dans l'utilisation des sommes allouées».

La question du français a également inspiré le gouvernement, qui a annoncé la création d'un crédit d'impôt remboursable pour la francisation en entreprises. Cette mesure coûtera dix millions en deux ans. Toutes les entreprises, y compris celles de très petite taille (50 employés et moins), y auront accès.

«En favorisant l'intégration des nouveaux arrivants et en renforçant l'usage du français comme langue du travail, nous affirmons notre ambition: que chaque Québécois participe à notre réussite et que notre réussite devienne elle-même le premier levier de l'affirmation de notre identité», a déclaré Mme Jérôme-Forget.

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Avec la collaboration de Guillaume Bourgault-Côté

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