Consultations prébudgétaires - Dumont est conciliant même si son allocation aux parents a été rejetée

Québec — La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a sonné, hier, la fin des consultations avec les deux partis d'opposition et s'est attelée à la rédaction finale de son budget qui sera présenté le 13 mars. Chose certaine, n'y figurera pas l'allocation pour les enfants de quatre ans et moins qui ne fréquentent par les garderies subventionnées, qu'elle soit de 100 $ ou 50 $ par semaine, une mesure que réclamait l'Action démocratique du Québec (ADQ).
«Je prépare un budget qui se veut rassembleur. Je tiendrai compte des consultations avec les partis d'opposition dans un contexte de gouvernement de cohabitation», écrit Monique Jérôme-Forget. La ministre des Finances a indiqué qu'elle comprenait que les partis d'opposition ne puissent se prononcer avant d'avoir pris connaissance du budget.«Je pense que c'est évident qu'on ne peut pas satisfaire les demandes de tout le monde. D'ailleurs, nous-mêmes on est limités dans nos choix, avec le ralentissement économique, la marge de manoeuvre du gouvernement est très faible. Ça ne sera pas un budget flamboyant, les moyens sont limités», a réitéré le premier ministre Jean Charest en marge d'une conférence de presse à Montréal. «Rien dans ce budget-là ne m'annonce qu'il y aura là une raison d'aller en élections au Québec», a-t-il ajouté.
Mme Jérôme-Forget, qui devait rencontrer en après-midi pour la troisième fois le porte-parole du Parti québécois en matière de finances, François Legault, s'est contentée d'avoir avec lui un bref entretien téléphonique en matinée. Chacun est resté campé sur ses positions. Puis, vers 11 heures, la ministre des Finances a eu un entretien de 20 minutes avec le porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances, Gilles Taillon. D'emblée, le gouvernement libéral a rejeté la proposition d'allocation pour enfants, la principale mesure préconisée par l'ADQ pour la famille, mais la ministre a montré de «l'ouverture» pour les autres propositions de l'ADQ, a-t-on indiqué du côté de l'opposition officielle. Répétant que sa marge de manoeuvre n'était que de 200 millions pour le prochain exercice, Mme Jérôme-Forget a promis que son budget contiendrait des éléments pour satisfaire les familles, a-t-on relaté. Le chef de l'ADQ, Mario Dumont, s'est montré conciliant, hier. «Je vois de l'évolution dans le discours de Mme Jérôme-Forget», a-t-il livré au Devoir. L'ADQ a aussi exigé que le gouvernement fasse des compressions de l'ordre de 450 millions dans ses dépenses, une commande que la ministre des Finances a jugée draconienne.
Outre l'allocation pour enfants de 100 $ par semaine qui aurait coûté près d'un milliard sur une pleine année au trésor public, l'ADQ a demandé l'injection de 20 millions pour majorer l'aide financière aux aidants naturels. L'ADQ souhaite aussi que le gouvernement dépense 50 millions pour appuyer les entreprises en région sous forme de crédit d'impôt à l'investissement, ce qui s'ajoute aux 300 millions déjà prévus. Enfin, trois mesures d'intégration en emploi ont été retenues: 15 millions pour améliorer la francisation des immigrants, 15 millions pour reconnaître plus rapidement les acquis et 15 millions pour aider les bénéficiaires de l'aide sociale aptes au travail à trouver un emploi.
Hier, François Legault a continué à marteler que le gouvernement Charest avait fait preuve d'imprudence en utilisant toute sa marge de manoeuvre, qui lui venait du règlement partiel du déséquilibre fiscal, pour consentir une baisse d'impôt de 950 millions, tout en refusant de hausser la taxe de vente du Québec (TVQ) pour récupérer le point de la taxe fédérale sur les produits et services (TPS) que le gouvernement Harper a retranché. Le député de Rousseau a aussi vilipendé le gouvernement Charest pour avoir utilisé une réserve ponctuelle de un milliard, provenant essentiellement de la vente d'actif d'Hydro-Québec, pour payer des dépenses courantes. La chef péquiste, Pauline Marois, a fait part de ses priorités la semaine dernière en vue du budget — éducation, soins à domicile et soutien de l'économie — sans toutefois chiffrer ces demandes.
Pour Jean Charest, il est clair que Mme Marois va s'opposer au budget. «Je le regrette. Je pense qu'elle n'est pas branchée sur le Québec si elle pense que le fait de voter contre le budget, ou annoncer qu'ils vont voter contre avant même de l'avoir vu, c'est une bonne chose. À mon avis, c'est une erreur», estime le premier ministre.
Avec la collaboration d'Antoine Robitaille et de François Desjardins