Budget : rencontre de la dernière chance aujourd'hui

Québec — Une rencontre de la dernière chance aura lieu aujourd'hui à Montréal entre le gouvernement et l'opposition officielle, en vue de trouver un terrain d'entente sur le contenu du budget présenté le 13 mars.
Le budget 2008 du Québec devait partir pour les presses dès aujourd'hui, pour être publié à temps, d'où l'échéance qui avait été fixée à hier pour obtenir l'assentiment des partis d'opposition.La date butoir a finalement été repoussée d'un jour ou deux, pour voir si un compromis pouvait encore être trouvé.
Malgré plusieurs rencontres et échanges téléphoniques au cours des dernières semaines avec l'opposition, aucune embellie ne permettait de croire qu'au moins un des deux partis d'opposition allait appuyer le gouvernement, ouvrant ainsi toute grande la porte au déclenchement d'élections générales dès ce printemps.
In extremis, hier, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a fait une ultime tentative auprès des porte-parole des deux partis pour tenter un rapprochement.
En début de soirée, seul le porte-parole de l'Action démocratique du Québec (ADQ), Gilles Taillon, avait accepté de continuer les discussions aujourd'hui, même si les positions des deux camps semblaient toujours bien campées. Il a refusé toute demande d'entrevue.
En entrevue à La Presse canadienne hier, la ministre des Finances n'a pas caché qu'elle n'était pas prête à tous les compromis pour s'assurer que l'opposition voterait en faveur de son budget, qui sera déposé le jeudi 13 mars.
Et ce, même si elle est parfaitement consciente que le gouvernement doit absolument obtenir l'appui d'un des deux partis pour se maintenir au pouvoir. «Je ne peux pas me mettre à genoux éternellement pour éviter des élections», a-t-elle tranché, tout en disant vouloir éviter de faire preuve d'arrogance. Depuis jeudi, les consultations sont dans l'impasse.
Du côté du Parti québécois (PQ), on affirme que le porte-parole aux finances, François Legault, n'a pas été contacté par la ministre hier. On n'exclut pas cependant l'idée d'une ultime rencontre.
Cela dit, Mme Jérôme-Forget soutient avoir eu à coeur, en effectuant ses choix budgétaires, de déposer un document qui reflète le fait que le gouvernement actuel est un gouvernement de cohabitation. Elle affirme avoir pris en considération les demandes des deux partis.
Aucune garantie
Mais hier, la ministre n'avait aucune garantie que le PQ ou l'ADQ allait appuyer son budget.
Chose certaine, sur le fond, elle a opposé une fin de non-recevoir aux demandes des partis. «Je ne peux pas rencontrer [sic] tous leurs objectifs», a-t-elle dit.
Au cours des derniers jours, la ministre a parlé d'un manque à gagner prévu de 700 millions de dollars dans les coffres de l'État et a fixé sa marge de manoeuvre à 200 millions, ce qui est bien peu.
En ces temps de ralentissement économique et de prévisions de croissance revues à la baisse, il faut s'attendre à ce que le budget 2008 incite les contribuables à consommer davantage. «C'est ce qui sauve le Québec», présentement, des effets nocifs du ralentissement économique, a-t-elle dit.
Pour ce qui est de la principale demande de l'ADQ — offrir une allocation de 100 $ par enfant par semaine à ceux qui ne fréquentent pas une garderie subventionnée —, Mme Jérôme-Forget a déclaré qu'il n'était pas question d'appliquer «le programme électoral» de l'ADQ, même si l'opposition officielle proposait de différer d'un an l'application complète de sa mesure, qui coûterait au bas mot près de un milliard par année.
D'ailleurs, à ce propos, il est clair que, même sans tenir compte du coût astronomique de cette mesure, Québec n'appuie pas une approche qui aurait pour effet de favoriser le retour des femmes au foyer.
Surtout dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre prévue, les mesures du budget axées sur la famille viseront plutôt à permettre aux femmes de demeurer sur le marché du travail, a indiqué la ministre.
Dans ce contexte, pourra-t-on éviter le psychodrame de 2007? La ministre refuse de répondre, quand on lui demande si elle est confiante.
L'an dernier, les partis d'opposition avaient maintenu le suspense entre le 24 mai, jour du dépôt du budget, et le 1er juin, jour du vote.
Finalement, l'ADQ, comme promis, avait voté contre, et le PQ, tout en étant contre, n'avait dépêché que trois députés au moment du vote pour ne pas défaire le gouvernement.