Le 400e de Québec - Un Festival d'été bonifié remplacera l'opéra urbain
Québec — Après avoir englouti plus d'un demi-million de dollars dans le projet d'opéra urbain, l'organisation du 400e anniversaire de la ville de Québec a finalement décidé de tout annuler pour investir les sommes qui lui restent dans un programme bonifié du Festival d'été.
Les dirigeants du 400e avaient beau refuser d'employer le mot «ménage» hier, l'organisation est en pleine restructuration depuis le début du mois. Ainsi, après le directeur Pierre Boulanger et le producteur délégué Danny Pelchat, c'était au tour de la conceptrice de l'opéra urbain, Danielle Roy, d'être mise à l'écart hier.Hier, le nouveau directeur général de la Société du 400e, Daniel Gélinas, a surtout invoqué des «considérations techniques» pour justifier l'annulation de ce grand projet qui devait se dérouler du 3 au 6 juillet. Il a notamment expliqué qu'on n'avait pas jugé bon d'«harmoniser» l'événement avec la tenue, au cours de la même période, du Festival d'été et d'un grand spectacle pour l'anniversaire de la ville, le 3. «On a un engorgement technique incroyable [...]. [Nous devions] trouver les techniciens et les manoeuvres pour le soutenir [...], ce qui nous amenait à un niveau de risque très très élevé.»
De surcroît, a poursuivi M. Gélinas, «plusieurs autorisations n'avaient pas été demandées, notamment à Parcs Canada et à la Commission de la capitale nationale», pour l'utilisation de certains sites. Le directeur a également relevé que la conceptrice s'était montrée incapable de trouver un producteur et un directeur de production. «Les gens qui travaillaient sur le projet en accéléré depuis novembre — c'étaient des acolytes de Mme Roy — ne pouvaient pas le réaliser.»
Au final, 550 000 $ se sont envolés dans cette ambitieuse entreprise en chantier depuis pas moins de cinq ans. Hier, les gens du 400e ont refusé de s'exprimer à propos de la responsabilité de Mme Roy dans ce dédale et se sont emmurés dans le même silence qui avait prévalu lors du départ de Danny Pelchat.
Il n'a pas non plus été possible de savoir quelle avait été le salaire de Mme Roy. «Il y a des clauses de confidentialité dans ces contrats-là qui ne nous permettent pas de le dire, et ça devient la responsabilité de cette personne-là de dire combien elle a gagné», a répondu M. Gélinas.
L'opéra urbain, dont le budget s'élevait à 6,3 millions de dollars, est au coeur de la controverse qui agite l'organisation du 400e depuis décembre. On alléguait que Danny Pelchat s'était placé en situation de conflit d'intérêts en confiant le projet à Mme Roy, une collaboratrice de son entreprise. De plus, le projet éprouvait des difficultés opérationnelles qui avaient convaincu le 400e d'en confier la production au Festival Juste pour rire, ce à quoi le gouvernement fédéral s'était opposé. Le maire Labeaume lui-même avait qualifié le dossier de «fouillis total».
Scénario de rechange
Pour relancer le programme, Daniel Gélinas est allé chercher ses complices du Festival d'été: Jean Beauchesne à la programmation et Michel Barette aux arts de la rue. Les dirigeants du Carnaval de Québec et des Grands Feux Loto-Québec ont également été mis à contribution.
On veut désormais présenter «quatre journées intenses de commémoration» entre le 3 et le 6 juillet. Le nouveau programme demeure obscur pour le moment, mais les organisateurs promettent de mettre le paquet. On a notamment décidé d'investir le budget restant de l'opéra urbain dans un spectacle qui doit marquer l'anniversaire de la ville, le 3 juillet. Cet événement dont le 400e s'était peu soucié jusqu'à présent se trouvera dès lors au coeur des festivités.
Ce spectacle «commémoratif» qui doit donner une grande place à l'histoire sera présenté devant le parlement. Il sera mis en scène par Pierre Boileau, qui a dirigé le spectacle Hommage à Joe Dassin et mis en scène les prix du Gouverneur général pour les arts de la scène pendant plusieurs années.