Line Beauchamp veut sortir les motoneiges des parcs

La SEPAQ devra négocier avec les motoneigistes leur exclusion des parcs du Québec.
Photo: Agence Reuters La SEPAQ devra négocier avec les motoneigistes leur exclusion des parcs du Québec.

La ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Line Beauchamp, a demandé hier à la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) de négocier la sortie des motoneiges des parcs québécois pour l'hiver 2009-10.

C'est ce qu'a affirmé hier au Devoir Philippe Cannon, l'attaché de presse de la ministre, en précisant que Mme Beauchamp souhaitait des solutions négociées avec les clubs, dans le remplacement des sentiers actuels, pour contourner les parcs nationaux plutôt que de les traverser en dérangeant leur faune par le bruit intense des machines et en polluant ces écosystèmes par leurs émissions polluantes.

À la SEPAQ, le porte-parole, Daniel Leboeuf, a confirmé que la ministre a donné hier ce mandat à la haute direction afin que des solutions puissent être mises en place dès l'hiver prochain.

«Nous allons rapidement mettre sur pied un groupe de travail afin de résoudre concrètement ce problème», a précisé le porte-parole, qui a ajouté que la loi interdit depuis des années le passage des motoneiges dans les parcs et qu'il y a amplement de place pour construire des pistes de contournement en dehors de ces aires protégées.

Hier, plusieurs groupes environnementaux, soit Nature-Québec, le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement (RNCRE) et Aventure écotourisme Québec (AEQ), qui regroupe les pourvoyeurs «verts» du Québec, ont réclamé en conférence de presse la sortie des motoneigistes des parcs québécois au plus tard en 2009. Ils ont publiquement appuyé les «efforts» de la ministre Beauchamp en ce sens, passant sous un diplomatique silence les 15 années de tolérance des différents gouvernements dans ce dossier, y compris du gouvernement Charest.

Du côté des clubs de motoneigistes, le directeur des opérations, Normand Besner, explique que la construction de pistes de contournement est possible, mais dans certains cas assez compliquée et parfois onéreuse, comme celle qui relierait Saint-Donat à Saint-Michel-des-Saints sans passer par le parc du Mont- Tremblant. Pour les motoneigistes, dit-il, l'essentiel est de ne pas se retrouver aux prises avec une interdiction sans solutions de rechange, question de ne pas faire perdre une saison aux clubs de certaines régions.

Les clubs de motoneige, qui comptent sur plus de 30 000 kilomètres de pistes balisées, maintiennent encore 120 kilomètres dans cinq parcs nationaux. Les deux principales pistes traversent le parc du Mont-Tremblant sur 85 km et celui des Monts-Valin sur

25 km. À Orford, la piste croise le parc sur 1,5 km; à Oka, sur 2 km et à Plaisance, sur 6,5 km. Le premier cas où Québec, après plus de 10 ans de débats sur cette question, a fait preuve de fermeté est celui du parc des Hautes-Gorges. Une piste alternative a été construite à l'extérieur du parc à la grande satisfaction de ses usagers et des motoneigistes, d'ailleurs.

Pour les trois groupes écologistes, la présence des motoneiges dans les parcs nationaux est «incompatible» avec leur vocation de conservation. De son côté, l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), qui a appuyé la démarche des trois groupes, a souhaité hier que le déplacement des sentiers des parcs ne se fasse pas aux dépens d'autres personnes qui habitent à la périphérie des parcs.

***

Avec la collaboration d'Isabelle Porter

À voir en vidéo